sainte Claire, Mémoire
Sur Za 11,4 – 12,8
Contempler le miroir du Christ, y découvrir son propre visage

Sainte Claire d’Assise
Ecrits, Vies, Documents : 4° Lettre à Agnès de Prague, p. 134s

Ce miroir qu’est le Christ regarde-le chaque jour, toi épouse de Jésus, et contemple sans cesse en lui ton visage ; ainsi tu pourras te parer tout entière, intérieurement et extérieurement, après t’être enveloppée d’étoffes aux couleurs chatoyantes, parée également de fleurs et de vêtements de toutes les vertus, comme il convient à la fille et épouse très aimée du souverain Roi.
Dans ce miroir resplendissent la bienheureuse pauvreté, la sainte humilité, et l’ineffable charité ; ainsi tu pourras, avec la grâce de Dieu, le contempler en parcourant tout le miroir. Regarde attentivement ce miroir : tu y verras la pauvreté de Celui qui est couché dans la crèche et enveloppé de langes. Ô admirable humilité ! Ô étonnante pauvreté ! Le Roi des anges, le Seigneur du ciel et de la terre repose dans une mangeoire ! Au centre du miroir, considère la sainte humilité, la bienheureuse pauvreté, les souffrances et les peines innombrables qu’il a endurées pour la rédemption du genre humain. Au bout de ce miroir, contemple l’ineffable charité par laquelle il a voulu souffrir sur le bois de la croix, et y mourir du genre de mort le plus honteux de tous. Aussi, le miroir lui-même, placé sur le bois de la croix, avertissait-il les passants de considérer cela en disant : Ô vous tous qui passez par la route, regardez et voyez s’il y a une douleur semblable à ma douleur. Sois donc sans cesse embrasée plus fortement de l’ardeur de cette charité, ô reine du Roi céleste.
Quoi de plus ? Que dans l’amour fasse silence ta langue de chair, que parle celle de l’esprit, puisque l’amour que j’ai pour toi ne pourrait nullement s’exprimer plus complètement par la langue charnelle ce que j’ai incomplètement écrit. Je t’en prie, Agnès, reçois-le avec bienveillance et dévotion, ne serait-ce qu’en y voyant l’affection par laquelle j’éprouve chaque jour l’ardeur de la charité que j’ai pour toi et tes filles