Sur 2 Timothée 2,22 – 3,17
L’évêque, pilote de l’Eglise
Saint Césaire d’Arles
Sermons au peuple, SC 175, Homélie 1, 19, p. 271s

Si nous avons été placés par le Seigneur pour guider le navire de l’Eglise, nous devons le gouverner avec son aide, grâce au gouvernail des deux Testaments, de telle sorte que, n’inclinant ni à droite, ni à gauche par notre négligence, nous puissions, au milieu de tous les périls de ce monde, maintenir la droite direction de la vie. Car, de même de qu’aucun navire ne peut conquérir de gains terrestres sans beaucoup de peines, de même le navire de l’Eglise ne peut sans de grandes tribulations parvenir à gagner la joie de la patrie éternelle.
Et, si les pilotes des navires s’engourdissent dans une fausse sécurité se laissent trop aller au sommeil et ne montrent pas à leurs marins les consignes à observer, les voici bientôt victimes d’un naufrage ; de même si les pilotes de l’Eglise ne sont pas les premiers à enseigner en toute vigilance, à faire peur, parfois à sévir, tantôt à reprendre avec douceur, tantôt à menacer sévèrement du jour du Jugement, et ainsi à maintenir droite la course vers la vie éternelle, il est à craindre qu’ils ne trouvent une condamnation là où ils auraient pu trouver un remède.
Nous donc, autant qu’il est en nous, avec l’inspiration et l’aide du Seigneur, mettons tous nos soins à enseigner également, par nos paroles et nos exemples, le peuple qui nous a été confié, afin que, lors de notre venue devant le tribunal du Juge éternel, nous méritions de dire avec confiance : Me voici, Seigneur, ainsi que les enfants que tu m’as donnés.
Mais on dit : Je n’ai pas de mémoire, je n’ai pas d’éloquence pour proclamer la parole de Dieu. Je crains que cette excuse ne puisse nullement nous servir de défense dans ce terrible jugement, à nous qui savons parfaitement bien que Notre Seigneur a choisi de préférence, aux savants et aux rhéteurs des pêcheurs illettrés, pour prêcher la parole du Seigneur. C’est pourquoi les évêques doivent prêcher aux fidèles dans un langage simple et sans apprêt, langage que tout le monde puisse saisir, accomplissant ce que dit l’Apôtre : Je me suis fait tout à tous, selon le saint et salubre conseil du bienheureux Jérôme : Il convient à l’évêque qui prêche de provoquer plus de gémissements que d’applaudissements.