Sur Luc 15, 1-32
La brebis égarée

Saint Ambroise de Milan
Traité sur l’évangile de Luc, SC 52, p.86s

Quel est, dit le Seigneur, celui d’entre vous qui, ayant cent brebis et l’une d’elle s’étant égarée, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf dans le désert pour aller après celle qui s’est égarée ?
Comme la faiblesse des hommes ne sait pas garder une démarche ferme en ce monde, le bon médecin vous montre les remèdes contre l’égarement : le juge miséricordieux ne refuse pas l’espoir du pardon. Ce n’est pas sans motif que saint Luc propose trois paraboles à la suite : la brebis égarée et retrouvée, la drachme perdue et retrouvée, le fils mort et revenu à la vie, pour que ce triple remède nous engage à soigner nos blessures. La brebis égarée est ramenée par le berger, la drachme perdue est retrouvée, le fils rebrousse chemin et revient vers son père dans le repentir de son égarement.
Réjouissons-nous de ce que cette brebis qui s’était égarée en Adam soit relevée dans le Christ. Les épaules du Christ sont les bras de la croix : c’est là que j’ai déposé mes péchés, c’est sur ce gibet que j’ai trouvé mon repos. Cette brebis est unique dans sa nature, mais non dans sa personne, car tous nous ne formons qu’un seul corps, mais nous sommes de nombreux membres ; c’est pourquoi il est écrit : Vous êtes de corps du Christ, vous êtes ses membres chacun pour sa part. Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu, c’est-à-dire tous les hommes, puisque tous meurent en Adam, de même que tous revivent dans le Christ.
C’est donc un riche pasteur, puisqu’à nous tous nous formons le centième de son partage. Il possède les troupeaux innombrables des anges, ceux des archanges, des dominations, des puissances, des trônes, d’autres encore qu’il a laissés sur les hauteurs. Et comme ils sont raisonnables, ce n’est pas sans motif qu’ils se réjouissent de la rédemption des hommes. Par ailleurs, c’est encore un stimulant de plus à être bon de savoir que notre conversion est agréable aux troupes des anges, dont chacun doit rechercher le patronage ou redouter la disgrâce. Soyez donc vous aussi joie pour les anges : qu’ils se réjouissent tous de votre retour.