Sur Baruch 3,9-15.24 – 4,4
La Sagesse parmi les hommes

Père Jean Lévêque
p. 34s

Le texte du prophète Baruch que nous venons de lire est un poème sapientiel, un éloge de la Sagesse identifiée à la Loi d’Israël ; le thème central de cette hymne à la Sagesse est annoncé par la question solennelle posée dès le début : Qui donc a découvert la demeure de la Sagesse, qui a pénétré ses trésors ?
La réponse, dans un premier temps, est négative : aucun homme n’a vraiment connu la voie de la Sagesse, ni compris ses sentiers, ni les grands de ce monde, ni les magnats de la finance, ni même les artistes dont les œuvres périssent. Les générations se succèdent sur terre sans que grandisse la sagesse des hommes. Dans un second temps, l’auteur va nous dire que cette sagesse inaccessible, Celui qui sait tout en connaît le chemin, il l’a découvert par son intelligence. L’œuvre créatrice et le pouvoir cosmique de Dieu sont là pour attester que la Sagesse n’a pas de secret pour lui. Mais l’auteur n’en reste pas à cette affirmation de l’omniscience et de la toute-puissance de Dieu. Ce qu’il veut avant tout rappeler, c’est que Dieu a donné la Sagesse en partage au peuple d’Israël, parce qu’il est son serviteur et son bien-aimé. Et ce thème est précisé aussitôt par deux assertions qui marquent, du point de vue théologique, le sommet du poème : d’une part la Sagesse s’est manifestée sur la terre et a vécu parmi les hommes, et d’autre part cette Sagesse s’identifie concrètement au Livre des préceptes de Dieu, la Loi, source de vie pour tous ceux qui s’y attachent. Nous sommes ainsi parvenus à un confluent théologique : la Sagesse, privilège de Dieu, se dit et se donne dans la Loi, privilège de Dieu.
A cette Sagesse de Dieu, ouvrière de la création, qui est venue vivre parmi les hommes, la théologie chrétienne a donné depuis longtemps un nom propre : Jésus Christ, Fils de Dieu. Il ne s’agit pas là d’une extrapolation indue, ni d’une exagération allégorique, car cette identification du Christ avec la Sagesse divine, non seulement se situe dans le droit fil de l’évolution théologique des livres sapientiaux, mais a été affirmée très nettement par le Nouveau Testament.