Sur Matthieu 1, 1-16 . 18-23
Notre Rédempteur est descendu du ciel pour les pécheurs
Saint Pierre Damien
Sermon 46, dans Fêtes de Notre-Dame, Ozon, p. 285s

Pourquoi l’évangéliste s’est-il appliqué à n’introduire dans la généalogie du Christ que les femmes répréhensibles, alors qu’il passe sous silence celles qui sont saintes et louables à tous égards ?
Il en est ainsi pour que l’on croie de foi que notre Rédempteur, né d’entre les pécheurs, comme le dit l’Ecriture, est descendu du ciel sur la terre pour les pécheurs. En vérité il est descendu sur terre pour porter lui-même nos péchés ; il est monté au ciel pour nous rendre participants de sa divinité.
De la vient que l’évangéliste Matthieu, suivant l’ordre descendant, mentionne Salomon, qui évoque le péché de David, dans l’énumération des quarante générations, tandis que l’évangéliste Luc, suivant l’ordre ascendant, parle de Nathan, qui évoque l’expiation du péché de David, et recense ainsi soixante-dix-sept générations.
Ainsi Matthieu veut faire comprendre que le Fils de Dieu est descendu vers nous, les pécheurs, pour partager notre condition mortelle ; Luc, lui, suggère qu’après sa résurrection le Seigneur monte vers le Père pour nous rendre participants de sa divinité.
Appréciez donc, frères, je vous en prie, de quelles louanges est digne la bienheureuse, la glorieuse Vierge Marie : c’est elle qui, pour nous, de son sein très pur a engendré celui qui nous a arrachés au gouffre de l’insatiable dragon.
Ni le vénérable chœur des Patriarches, ni la phalange des Prophètes au regard pénétrant, ni l’assemblée des Apôtres siégeant en juges, ni l’armée triomphale des Martyrs, aucun de nos Pères n’a pu, personne ne pourra jamais être comparé à la toute Bienheureuse Vierge.
En fait de sainteté, en fait de justice, de dévotion, de perfection, que peut-il manquer à cette Vierge singulière, comblée des dons de la grâce divine ? C’est bien ce qu’elle entendit lors de la salutation de l’ange : Je Te salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. Quel défaut aurait pu trouver place dans le corps ou l’âme de celle qui, à l’instar du ciel, mérita d’abriter, tel un sanctuaire, la plénitude de la divinité ? Dans le Christ, dit saint Paul, habite corporellement la plénitude de la divinité. Il n’est pas étonnant qu’elle transcende les mérites de tous les mortels, celle qui surpasse la sublimité angélique.