Sur Siracide 16,24-17,14
« De terre, Dieu créa l’homme, et il l’y renvoie »
Dom Hilaire Duesberg
La dignité de l’homme, BVC 82, p. 17s

L’apparition de l’homme va modifier la destinée de la terre, son domaine. Il a été pétri de glaise prise à même le sol par les mains divines. Cette origine terrienne de l’homme conditionne son retour à la glaise native comme pour les animaux, créé comme eux le sixième jour. Il partage leur vie et leur sort.
Le siracide ne semble pas rattacher la mort au péché ; cependant, par une femme commença le péché et nous devons tous mourir par sa faute. L’allusion à Eve est transparente, ainsi qu’au péché originel qui peut se définir une défaillance de sagesse par oubli de son principe : la crainte de Dieu. C’est la crainte de Dieu qui assure nos fins dernières : Pour qui craint le Seigneur, tout finira bien, et au jour de la mort il sera béni. Pourtant Ben Sira est formel : La mort est une loi éternelle. La pensée oscille parce qu’il n’a pas découvert sa troisième dimension à l’existence humaine : la vie éternelle en Dieu. Ce qui survit de nous, c’est le souvenir, bénédiction ou malédiction, récompense de notre conduite. La superbe est châtiée par la disparition du tyran que célèbrent avec joie les opprimés. La pensée de la mort apaise également nos rancunes, puisqu’un sort commun atteint les deux adversaires.
Le théâtre des actions humaines sera le sol terrestre, mais la fleur ne fait qu’y passer durant le temps que son Créateur lui assigna. Les anecdotes qui ornent le trépas des hommes : maladies, épidémies, meurtres, exécutions capitales, champs de bataille ne sont que des variantes d’une volonté souveraine et inflexible, inscrite au calendrier.
L’homme, lui, dès le commencement, Dieu l’a laissé dans la main, au pouvoir de son libre arbitre, de son conseil : c’est la faculté de délibération, de décision, c’est le ressort de la conscience, la marque de sa liberté. Comme les animaux, l’homme retourne à la terre ; comme lui, ils ont bouche, langue, yeux, oreilles, mais l’homme s’affranchit de l’animalité par le libre arbitre et le cœur où il conçoit, délibère, et décide.
L’homme apprend à distinguer le bien et le mal, exercice de sagesse pratique et royale. Cette sagesse est éclairée par l’œil de Dieu qui documente l’homme, son partenaire, sur le mouvement qu’il imprime à la création et ce qu’il révèle de merveilles insoupçonnées. Et par son Alliance surnaturelle avec son Créateur, dernière touche au tableau de la dignité de l’homme, l’homme devient l’enfant adoptif de Dieu et se fonde désormais sur la foi, c’est-à-dire l’acceptation des conditions contenues dans la Loi qui est un crédit ouvert à Dieu promettant le bonheur.