Sur Siracide 11, 12-28
« Confie-toi dans le Seigneur »
Cardinal Christoph Schönborn
Au cœur du message chrétien, p. 317s

« La confiance filiale est éprouvée – elle se prouve – dans la tribulation ». Quand la prière devient un combat, quand les distractions, la sécheresse, les assauts de tous ordres cherchent à nous détourner de la prière, ou risquent de nous décourager, c’est alors que s’impose l’heure de la confiance. La confiance est victorieuse de toutes les tentations d’abandonner la prière : Confie-toi dans le Seigneur et tiens-toi à ta besogne, dit le Siracide, nous venons de l’entendre.
Ces tentations revêtent diverses formes : c’est la tentation de faire tout passer avant la prière, parce qu’une foule de choses se présentent comme plus importantes. Quand on néglige de plus en plus la prière, une sorte d’absence de goût pour celle-ci peut apparaître, que les Pères spirituels ont appelée « acédie », dont les effets sont comparables à une dépression ; ses racines ne sont ni corporelles, ni mentales, mais purement spirituelles. L’acédie peut résulter d’un relâchement spirituel ou d’une pratique de vie non conforme à la morale. Ses racines les plus profondes sont l’orgueil et la présomption, qui peuvent aussi provoquer le découragement : « Je le sais bien, dit la petite sainte Thérèse, le découragement est aussi une forme d’orgueil ». Qui est humble ne s’étonne pas de sa misère ; elle porte à plus de confiance, à tenir ferme dans la constance.
Sainte Thérèse a écrit à sa sœur Céline : « Je ne suis pas toujours fidèle, mais je ne perds jamais courage ». Parce qu’elle ne se laisse pas décourager par ses faiblesses et ses insuccès, elle donne à beaucoup le courage de faire confiance, et de « se laisser tout simplement tomber dans les bras de Jésus », comme elle aime dire.
Cette attitude lui permet constamment d’entrer dans un contact vivant avec Jésus dans la prière. « Ô mon doux Jésus, comme je serais heureuse si j’avais été vraiment fidèle. Malheureusement, je suis souvent triste le soir, quand je sens que j’aurais pu mieux répondre à Ta grâce… »
Sainte Thérèse ne cesse de souligner que cette confiance n’a pas de limites, car elle se fie entièrement à Dieu, et résiste donc avec assurance à toutes les tentations. Mais cette confiance a toujours besoin d’être nourrie, comme un feu qu’il faut entretenir. Ce sont les petits pas de l’amour qui alimentent le feu. Ils nous font sans cesse prendre conscience que notre confiance, notre prière, notre amour ne sont toujours qu’une réponse renouvelée à l’Amour ineffable qui se donne à nous.