Sur Siracide 15,11-20
« C’est Lui qui a fait l’homme et l’a laissé à son conseil »
Saint Augustin
Traité sur l’évangile de Jean, traité XLI, OC 10, p. 49s

Lorsque Dieu ordonne des sacrifices pour le péché, sacrifices qui n’étaient point une véritable expiation des péchés, mais l’ombre seulement des biens à venir, ces sacrifices, ces animaux qu’on immolait pour les péchés et dont le sang était la figure du sang rédempteur, étaient appelés péchés par la Loi. Elle va même dans certains endroits jusqu’à s’exprimer ainsi : les prêtres, avant l’immolation, placeront les mains sur la tête du péché, c’est-à-dire sur la tête de la victime que l’on doit immoler pour le péché. C’est ainsi que Notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui ne connaissait pas le péché, s’est fait péché, c’est-à-dire sacrifice pour le péché.
C’est bien justement que nous sommes délivrés de cette servitude du péché par celui qui dit dans les psaumes (87,5-6) : J’ai été comme un homme sans secours, libre entre les morts. C’est lui-même qui nous dit dans l’évangile : Voici que le prince de ce monde vient, c’est-à-dire le démon : Voici qu’il vient, et il ne trouvera rien en moi. Pourquoi alors le mettra-t-il à mort ? Il ajoute donc : Afin que tous sachent que je fais la volonté de mon Père (Jean 14,30). En mourant, il fait la volonté de son Père. Il dit : J’ai le pouvoir de donner ma vie, et j’ai le pouvoir de la reprendre (Jean 10,18). Voilà comment il est vraiment libre parmi les morts.
Quiconque commet le péché est donc esclave du péché ; quelle espérance de liberté nous est donc laissée ? Ecoutez : L’esclave ne demeure pas toujours dans la maison (Jean 8,35). Cette maison, c’est l’Eglise ; l’esclave, c’est le pécheur. Les pécheurs entrent en grand nombre dans l’Eglise. Il ne dit donc pas : L’esclave n’est point dans la maison, mais Il ne demeure par toujours dans la maison. Or, s’il n’y a point d’esclave dans cette maison, qui donc pourra y demeurer ? Car lorsque le roi de toute justice sera assis sur son trône, selon le langage de l’Ecriture, qui pourra se glorifier d’avoir un cœur pur ? Qui pourra se glorifier de n’être souillé d’aucun péché ? Nous sommes frappés d’épouvante en répétant ces paroles : L’esclave ne demeure pas toujours dans la maison. Mais le Sauveur ajoute aussitôt : Quant au Fils, il demeure éternellement. Notre Seigneur sera-t-il donc seul dans sa maison ? Nul ne viendra s’unir à lui ? De qui sera-t-il la tête, s’il n’y a point de corps ? Ce n’est pas sans dessein qu’il veut ici nous inspirer tout ensemble des sentiments de crainte et d’espérance ; il nous effraie pour nous détacher de l’amour du péché ; il nous donne de l’espérance pour que nous n’ayons aucune défiance sur la rémission des péchés. Quelle est donc notre espérance à nous qui ne sommes point sans péché ?