Sur Sagesse 9, 1-18
Le Fils, Sagesse du Père

Saint Augustin
Des mœurs de l’Eglise catholique, Livre I, chapitre 16, p. 513s

Si les richesses sont désirables dans la vie, y a-t-il rien de plus riche que la Sagesse qui fait toutes choses ? Peut-on prononcer une parole plus belle, plus claire et même plus riche ? Et si elle ne vous paraît pas suffisante, écoutez-en une autre qui vous dit dans le même sens : La Sagesse enseigne la tempérance, la force et la justice. La tempérance, selon moi, se rapporte à la connaissance de la vérité, c’est-à-dire la science, tandis que la justice et la force désignent l’action et l’opération. De quel prix sont cette puissance qui fait agir et cette tempérance qui fait contempler, dons que la vertu et la Sagesse de Dieu accordent à ceux qui l’aiment. Ce n’est pas à moi de le dire, lorsque le même prophète nous montre aussitôt l’estime qu’elle mérite en disant : La Sagesse nous enseigne la tempérance, la justice et la force, vertus en comparaison desquelles rien dans la vie n’est plus utile aux hommes.
On pourrait croire, peut-être, que ces paroles ne sont pas dites du Fils de Dieu. Mais que prouvent donc celles qui précédaient : La Sagesse fait voir la gloire de son origine, en ce qu’elle est étroitement unie à Dieu (Sagesse 8,1 et 7). Or le mot origine signifie-t-il d’ordinaire autre chose que parenté ? Et le mot union n’affirme-t-il pas hautement l’égalité avec le Père lui-même ? Puis, comme saint Paul dit du Fils de Dieu qu’il est la Sagesse de Dieu, et que Notre Seigneur dit de lui-même : Nul ne connaît le Père que son Fils unique (Matthieu 11,27), le prophète pouvait-il parler plus explicitement qu’il ne l’a fait par ces paroles : Et avec vous était votre Sagesse qui connaît vos œuvres, qui était présente lorsque vous formiez le monde, et qui sait ce qui est agréable à vos yeux (Sagesse 9,9) ? Jésus Christ est la vérité comme il est marqué par le mot même de splendeur du Père, car, que peut-il y avoir autour du soleil, sinon la splendeur qu’il produit ? Et quel témoignage de l’Ancien Testament pouvait s’adapter d’une manière plus claire et plus évidente à cette pensée que le texte où il est dit : Votre vérité est autour de vous ? Enfin la Sagesse dit elle-même dans l’Evangile : Personne ne vient à mon Père que par moi (Jean 14,6) ; et le prophète avait dit : qui peut connaître vos desseins, si vous ne lui donnez la Sagesse ? Et peu après : Les hommes ont appris à reconnaître ce qui vous plaisait, et ils ont été guéris par la Sagesse (Sagesse 9,17).