Sur Matthieu 5, 1-12
Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu

Saint Augustin
Sermon pour la fête de Tous les Saints

Combien de fois le Sauveur a-t-il répété ce mot Bienheureux ? Quelles causes a-t-il assigné à la béatitude ? Quelles œuvres et quels salaires, quels mérites et quelles récompenses a-t-il énumérés ? Jamais jusqu’alors il n’avait dit : Ils verront Dieu. C’est donc aux cœurs purs qu’est promise la vue de Dieu, et ce n’est pas sans motif, car ils ont des yeux pour voir Dieu. C’est de ces yeux que parle l’Apôtre quand il dit : Les yeux éclairés de votre cœur (Ephésiens 1,18). Maintenant donc ces yeux, parce qu’ils sont faibles, sont éclairés par la foi ; devenus plus tard vigoureux, ils seront éclairés par la réalité même. Tant que nous sommes dans ce corps, nous voyageons loin du Seigneur, car nous marchons dans la foi, non dans la claire vision (2 Corinthiens 5,6-7). Et tant que nous marchons ainsi dans la foi, que dit de nous l’Ecriture ? Que maintenant nous voyons à travers un miroir, en énigme, et qu’alors ce sera face à face (1 Corinthiens 13,12).

Si nous aspirons à voir Dieu, comment purifier notre œil intérieur ? Qui ne s’appliquerait, qui ne chercherait à purifier son cœur pour voir Celui qu’il aime de toute son âme ? Une autorité divine nous dit par quel moyen : C’est par la foi, déclare-t-elle, qu’il purifie leurs cœurs (Actes 15,9). La foi en Dieu purifie donc le cœur, et le cœur purifié voit Dieu.

Reviens donc avec moi aux yeux du cœur et sache les préparer. C’est à l’homme intérieur que Dieu parle, car en nous il y a un homme intérieur dont les oreilles, les yeux, et les autres organes visibles ne sont que la demeure ou l’instrument. C’est aussi dans cet homme intérieur que le Christ habite provisoirement par la foi, et qu’il fera sentir la présence de sa divinité, lorsque nous connaîtrons en quoi consiste la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur ; lorsque nous connaîtrons aussi la charité du Christ, bien supérieure à toute science, pour être remplis de toute la plénitude de Dieu (Ephésiens 3, 17-19).