Sur Matthieu 24, 37-44
« Tenez-vous prêts, car il viendra à l’heure où vous n’y penserez pas »
Saint Jean Chrysostome
Homélie sur la lettre aux Romains, OC 16, p. 203s

C’est au moment où le Prince va paraître qu’il faut se préparer. C’est quand l’heure des récompenses va sonner qu’il faut redoubler d’ardeur dans la lutte : plus on approche du but, plus on stimule la fougue des coursiers. Voilà pourquoi l’Apôtre dit : Maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons reçu la foi. La nuit est avancée, le jour est tout proche (Romains 13,11-12). Puisque la nuit s’efface et que le jour va paraître, laissons les œuvres de la nuit, et pratiquons celles du jour. N’agissons-nous pas ainsi pour les choses de ce monde ? Lorsque nous voyons poindre l’aube, et que nous entendons le chant de l’hirondelle, nous nous réveillons les uns les autres. Dès qu’il fait jour, nous nous empressons aux tâches quotidiennes, nous nous arrachons au sommeil pour que le soleil nous trouve prêts.
Ce que nous faisons alors, faisons-le maintenant, secouons tous nos rêves, sortons de notre sommeil, revêtons le vêtement de la vertu. C’est bien le conseil que nous donnons l’Apôtre : Laissons donc les œuvres des ténèbres, revêtons les armes de la lumière. Le jour nous rappelle qu’il faut lutter, qu’il faut combattre.
Ne soyons pas effrayés en entendant ces mots de combat, de lutte. Si revêtir une lourde armure est pénible, il est aimable, désirable de revêtir l’armure spirituelle : c’est une armure de lumière. Aussi devenez-vous plus resplendissant que le soleil, et tout en brillant d’un vif éclat, vous serez en sécurité parfaite : ce sont des armes certes, mais des armes lumineuses.
Sommes-nous alors dispensés de combattre ? Non : Il faut combattre. Mais c’est moins à une guerre que nous sommes conviés qu’à une fête. Telle est la vertu de nos armes, telle est la vertu du chef qui nous mène. De même que l’époux sort de la chambre nuptiale dans ses plus beaux vêtements, ainsi en est-il de celui qui est couvert de ces armes : il est à la fois soldat et époux.
Mais ce n’est pas tout ! Allons encore plus profond, comment ne pas être saisi d’effroi : Paul va jusqu’à nous donner pour manteau le Seigneur lui-même, le Roi des cieux ! Quiconque est revêtu de ce manteau possède toutes les vertus. Et quand il nous dit : Revêtez-vous du Seigneur Jésus, il recommande de nous en envelopper de toutes parts. De fait, le Seigneur Jésus n’est-il pas notre plénitude ? Il est notre Chemin, notre Epoux, notre Source, notre Boisson, notre Nourriture, notre Vie. Il est l’Apôtre, le Docteur, notre Père, notre Frère, notre Cohéritier. Quel bien ne désirerait-il pas pour nous, dès qu’il s’unit à nous, qu’il s’attache à nous de toutes les manières ? N’est-ce pas là la preuve de son amour pour nous ?