Sur Daniel 12, 1-13
La résurrection à la fin des temps
Saint Augustin
De la Cité de Dieu, livre XX, chapitre 23, p. 585s

Daniel dit : Le temps viendra d’une persécution telle qu’on n’en a point vu depuis l’origine du monde. En ce temps-là, tous ceux qui se trouveront inscrits dans le livre de vie seront sauvés ; plusieurs de ceux qui dorment sous un amas de terre ressusciteront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour une éternité d’opprobres et de confusion. Les savants auront l’éclat du firmament et beaucoup de justes brilleront comme les étoiles (Daniel 12,1-2). Ce passage ressemble beaucoup à celui de l’Evangile où il est parlé de la résurrection des morts. Car ceux que l’Evangile représente dans les sépulcres, le prophète les dit « endormis sous la terre », ou suivant d’autres interprètes dans « la poussière de la terre ». Là, il est dit qu’ils sortiront ; ici, qu’ils ressusciteront. Dans l’Evangile : ceux qui auront fait le bien, pour ressusciter à la vie ; ceux qui auront mal vécu, pour ressusciter au jugement. Et dans le prophète : les uns ressusciteront pour la vie éternelle, les autres pour un opprobre et une confusion éternelle. Et qu’on ne dise pas que l’Evangile et le prophète différent l’un de l’autre, parce que celui-là dit : tous ceux qui sont dans les sépulcres, et que celui-ci dit : plusieurs de ceux qui sont sous un monceau de terre. Car quelquefois l’Ecriture met plusieurs pour tous. Dieu dit à Abraham : Je te rendrai le père de plusieurs nations (Genèse 17,5), et ailleurs il dit : Dans ta postérité toutes les nations seront bénies (Genèse 18,8). Et sur cette même résurrection il est dit, peu après, au même Daniel : Venez, reposez-vous, il reste encore des jours jusqu’à la consommation des siècles ; vous vous reposerez et ressusciterez pour posséder votre héritage à la fin des temps Daniel (12,13).
D’un bout à l’autre, le livre de Daniel célèbre le triomphe de Dieu, triomphe sur les sages de Babylone, sur les rois dont le Seigneur fixe à sa guise le destin, triomphe sur le feu de la fournaise, sur les lions de la fosse, sur la mer tourmentée. Par trois fois, l’auteur du livre de Daniel chante victoire : par un jugement céleste prononcé par Dieu avant la mort de la bête, puis par l’arrivée du « Fils de l’homme » auquel est promis le royaume du monde, enfin par la résurrection des saints. Seule la résurrection des saints importe car le royaume que vient gouverner le Fils d’homme n’a plus rien d’un royaume terrestre et politique, c’est un royaume qui descend du ciel. Dans le dernier verset de la lecture de ce jour, la divinité des ressuscités est clairement affirmée : Leurs corps brilleront comme des astres. L’on ne peut oublier que pour tout l’ancien Orient, les astres étaient divins et qu’ils forment dans la Bible l’armée des cieux. Dire que les corps des ressuscités brilleront comme des astres, c’est affirmer qu’ils participeront à la vie divine.