Sur Isaïe 8, 1-18
Pouvoir universel de l’Emmanuel

Saint Théodoret de Cyr
Commentaire sur Isaïe, Troisième section, SC 276, p. 305s,

Dieu avec nous ! L’expression « Dieu avec nous » se trouve dans le texte hébreu sous la forme « Emmanuel ». Puisque le prophète a prophétisé sa conception et sa naissance, il n’enorgueillit, en tire fierté contre les ennemis, et déclare aux Israélites et aux Syriens qui ont déjà remporté la victoire : Si, à nouveau, vous êtes forts, à nouveau vous serez vaincus. Tout projet que vous ferez, le Seigneur le brisera, et tout plan que vous discuterez ne subsistera pas en vous : car Dieu est avec nous ! puisque le prophète a lancé son appel à ceux qui habitent les extrémités de la terre et qu’il leur annonce la défaite, on pourrait à plus juste titre appliquer ces paroles aux saints apôtres. De fait, ce sont eux qui faisaient le tour du monde sans cesser de crier : Dieu avec nous ! Apprenez, Nations, et soyez vaincues ! Acceptez la défaite salvatrice, soumettez-vous au Seigneur et venez le supplier : Fuyez le pouvoir despotique des démons et embrassez le bon esclavage du Seigneur ! Car, même si maintenant vous marquez votre refus, et si vous machinez la mort contre nous, vous serez malgré tout vaincus un peu plus tard et le Seigneur de l’univers brisera vos projets pervers : car Il est avec nous. Voici ce que le texte prophétique fait savoir à tous les habitants du monde : ils auront beau ceindre dix mille fois leurs armes et se ranger en bataille contre les saints apôtres, plus tard ils seront vaincus : car l’Emmanuel détient sur tous le pouvoir.
Ils voient pourtant la force de la droite de Dieu et les merveilles qu’elle accomplit ; ils marquent pourtant leur refus avec les mêmes audaces que les Juifs dont ils imitent la conduite. De fait, les Juifs interdisaient aux saints apôtres de proclamer notre Maître, le Christ : Ne vous avons-nous pas prescrits formellement, disaient-ils, de ne pas parler en ce nom ? Et voici, vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine ! C’est le Christ qu’il appelle ici « dur », parce qu’il ne plaisait pas à l’esprit pervers des Juifs.