sur Daniel 1, 1-21
Le temps des épreuves
Benoît XVI
Audience générale du 20 octobre 2010, DC 2011, p. 227s

Une dure épreuve, pour Elisabeth de Hongrie, fut l’adieu à son mari à la fin de juin 1227, lorsque Lodovic IV se joignit à la croisade de l’empereur Frédéric II, rappelant à sa femme qu’il s’agissait d’une tradition pour les souverains de Thuringe. Elisabeth répondit : « Loin de moi de vous retenir. Je me suis entièrement donné à Dieu, et à présent je dois aussi vous donner ». Mais la fièvre décima les troupes : Ludovic tomba malade et mourut à Otrante, avant même d’embarquer, en septembre 1227, à l’âge de vingt-sept ans. Elisabeth, ayant appris la nouvelle, ressentit tristesse si grande qu’elle se retira dans la solitude, mais ensuite, fortifiée par la prière et réconfortée par l’espérance de le revoir au Ciel, elle commença à s’intéresser aux affaires du royaume. Une autre épreuve l’attendait : son beau-frère usurpa le gouvernement de la Thuringe, se déclarant le véritable héritier de Ludovic et accusant Elisabeth d’être une femme pieuse incapable de gouverner. La jeune veuve, avec ses trois enfants, fut chassée du château de Watburg et se mit à la recherche d’un lieu où trouver refuge. Seules ses deux dames de compagnie demeurèrent à ses côtés, l’accompagnèrent et confièrent les trois enfants aux soins des amis de Ludovic. En errant de village en village, Elisabeth travaillait là où elle était accueillie, elle assistait les malades, elle filait et elle cousait. Au cours de ce calvaire supporté avec beaucoup de foi, patience et dévouement à Dieu, certains parents qui lui étaient restés fidèles et considéraient comme illégitime le gouvernement de son beau-frère, réhabilitèrent son nom. Au début de l’année 1228, Elisabeth eut des revenus suffisants pour se retirer dans le château familial de Marbourg, où vivait aussi son directeur spirituel Conrad. C’est lui qui rapporta au Pape Grégoire IX le fait suivant : « Le vendredi saint de 1228, après avoir posé les mains sur l’autel dans la chapelle de sa ville d’Eisenach, où elle avait accueilli les frères mineurs, en présence de plusieurs frères et de parents, Elisabeth renonça à sa volonté propre et à toutes les vanités du monde. Elle voulait aussi renoncer à toutes ses possessions, mais je l’en dissuadai par amour des pauvres. Peu après, elle construisit un hôpital, recueillit malades et invalides, et servit à sa table les plus misérables et les plus abandonnés. L’ayant moi-même réprimandée à ce propos, Elisabeth répondit qu’elle recevait des pauvres une grâce spéciale et l’humilité ».