Sur 1 Maccabées 9, 1-22
Les œuvres de miséricorde
Sainte Gertrude d’Helfta
Œuvres spirituelles, IV, Le Héraut, livre 4, chapitre 18, SC 255, p. 191s

Comme on lisait dans l’évangile : Venez les bénis de mon Père…, car j’ai eu faim… L’âme dit au Seigneur : « Ah ! Mon Seigneur ! Il ne nous convient pas de rassasier la faim corporelle, ni de désaltérer les assoiffés, ni d’exercer les autres œuvres de miséricorde, puisque vous avez voulu que nous vivions sous la discipline d’une règle, et qu’il ne nous est pas licite de posséder quelque chose en propre. Enseignez-moi donc par quel exercice nous pourrions obtenir que cette très douce parole de votre bénédiction promise, en cet endroit de l’Evangile, pour prix des œuvres de miséricorde, nous soit adressée, à nous aussi ». Le Seigneur répondit : « Comme je suis le salut et la vie des âmes, en tout homme je suis toujours affamé et assoiffé de son salut. Si quelqu’un, chaque jour, s’applique à lire quelques paroles de la Sainte Ecriture pour s’édifier, celui-là, sans aucun doute, apaisera ma faim pour une réfection extrêmement suave. Que si, à cette lecture, il ajoute encore l’intention et le désir d’obtenir par là une grâce de componction et de dévotion, alors il soulagera également ma soif par un breuvage aromatisé. De plus, si quelqu’un cherche à s’occuper de moi, une heure au moins chaque jour, avec toute l’attention de son âme, celui-là m’offrira une très agréable hospitalité. Et celui qui, chaque jour, s’appliquera à l’exercice de quelque vertu, je considérerai qu’il m’a vêtu avec goût. Pareillement, celui qui remporte la victoire, après avoir lutté énergiquement contre tel vice ou telle tentation, je me regarderai comme un malade visité par lui avec de délicates attentions. Quant à celui qui priera dévotement pour les pécheurs et les âmes du purgatoire, je le considérerai avec autant de bienveillance que s’il était souvent venu à moi dans ma prison et avait soulagé ma détresse par ses douces et consolantes paroles. Et, ajouta le Seigneur, si quelqu’un, par mon amour, pratiquait chaque jour toutes ces œuvres, je lui donnerai pour récompense ma gloire royale avec toute ma divine douceur et mon affectueuse fidélité, et cela, de la manière magnifique dont il convient à mon incompréhensible toute puissance, à mon insondable sagesse et à ma très douce bienveillance de s’acquitter de toute ceci.