Ephésiens 5,21-6,4 ou 1 Jean 3,1-2.21-24
La famille, route de l’Eglise

Saint Jean-Paul II
Lettre aux familles, p. 3s

Dans l’encyclique Redemptor hominis, j’écrivais : L’homme est la route de l’Eglise. Par cette expression, je voulais évoquer avant tout les innombrables routes le long desquelles l’homme chemine, et je voulais en même temps souligner le profond désir de l’Eglise de l’accompagner dans cette marche sur les routes de son existence terrestre. L’Eglise prend part aux joies et aux espoirs, aux tristesses et aux angoisses de la marche quotidienne des hommes, dans la conviction intime que c’est le Christ lui-même qui l’a envoyé sur ces sentiers : c’est lui qui a confié l’homme à l’Eglise, que l’a confié comme route de sa mission et de son ministère.
Parmi ces nombreuses routes, la famille est la première et la plus importante : c’est une route commune tout en étant particulière, absolument unique, comme tout homme est unique, une route dont l’être humain ne peut s’écarter. En effet, il vient au monde normalement à l’intérieur d’une famille ; on peut donc dire qu’il doit à cette famille le fait même d’exister comme homme ; elle connaît bien le rôle fondamental que la famille est appelée à remplir. Elle sait, en outre, que l’homme, un jour, quitte sa famille pour réaliser à son tour, dans un nouveau noyau familial, sa vocation propre. Même s’il choisit de rester seul, la famille demeure pour ainsi dire son horizon existentiel, la communauté fondamentale dans laquelle s’enracine le réseau de ses relations sociales. Ne parlons-nous pas de famille humaine à propos de l’ensemble des hommes qui vivent dans le monde ?
La famille a son origine dans l’amour même du Créateur pour le monde créé. Dans l’Evangile, Jésus le confirme pleinement : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Le Fils unique, consubstantiel au Père, Dieu né de Dieu, Lumière de la Lumière, est entré dans l’histoire des hommes par la famille. Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, hormis le péché. Si donc le Christ manifeste pleinement l’homme à lui-même, c’est d’abord par la famille dans laquelle il a choisi de naître et de grandir qu’il le fait. On sait que le Rédempteur est resté caché à Nazareth pendant une grande partie de sa vie, soumis, en tant que Fils de l’homme, à Marie sa mère et à Joseph le charpentier. Cette obéissance filiale n’est-elle pas la première expression de l’obéissance à son Père jusqu’à la mort par laquelle il a racheté le monde ? A la suite du Christ venu dans le monde pour servir, l’Eglise considère que servir la famille est l’une de ses tâches essentielles. En ce sens, l’homme et la famille constituent la route de l’Eglise.