Actes 6,8 – 7,2a . 44-60
Le peuple nouveau habité par l’Esprit

Père Divo Barsotti
Les Actes des Apôtres, p. 179s

Que toute la Sainte Ecriture s’ordonne à Notre Seigneur, voilà le critère que nous suggère le discours d’Etienne. Ce dernier sait que les chefs du sanhédrin connaissent l’Histoire d’Israël, et c’est précisément parce qu’ils la connaissent qu’il la répète et la raconte en l’ordonnant directement à l’événement ultime : le Juste qui a été condamné et tué par eux. Toute l’Histoire d’Israël est un chemin qui ne trouve ni terme, ni repos jusqu’à ce qu’il arrive au Juste en qui les promesses de Dieu s’accomplissent vraiment.
A ce Juste, Dieu donnera en héritage la terre qu’il avait promise à Abraham et à sa descendance. Joseph le préfigure, vendu par ses propres frères, mais constitué chef d’une nation. Le grand Moïse l’annonce, lui-même Sauveur du peuple, et qui prédit : Dieu vous suscitera un prophète comme moi.
L’histoire de Joseph, dans la bouche d’Etienne, est-elle l’ultime appel à la pénitence lancé au peuple juif ? Le Christ qu’ils ont vendu, c’est lui qui peut maintenant leur donner la vie. Peuvent-ils encore se repentir, faire comme les frères de Joseph qui lui ont demandé du pain pour rester en vie ? Il termine durement et ne promet pas le pardon.
Etienne insiste sur l’endurcissement du peuple qui repousse, renie, rejette Moïse ; il résume l’histoire postérieure d’Israël, et semble presque voir dans la construction du Temple la continuation de la désobéissance d’Israël dans le désert. Il mentionne le culte du Temple, mais il est accusé d’infidélité. C’est qu’Etienne reprend la polémique contre le Temple, qui, d’après les évangélistes, fut le motif d’accusation contre Jésus. Etienne ne rattache plus la communauté des nouveaux croyants au Judaïsme ; la polémique contre le Temple revient et se fait violente, comme un argument de rupture : Ils ont tué ceux qui annonçaient la venue du Juste, Celui-là même que vous-mêmes, maintenant, avez trahi et tué. Pour Etienne, l’histoire d’Israël est l’histoire d’un endurcissement progressif qui aboutit à mettre à mort le Juste. Le nouveau temple, non fait de main d’homme, semble n’être autre chose que la communauté même qui a reçu l’Esprit : Dieu habite dans le cœur des croyants. Désormais, le Temple de Dieu est l’unité de ces pierres vivantes que sont les croyants unis par l’Esprit Saint.