sur 1 Jean 1,1 – 2,3

« Le disciple bien-aimé »

Benoît XVI

La sainteté ne passe pas, p. 291s

 

Selon la tradition, Jean est « le disciple bien-aimé » qui, dans le quatrième évangile, pose sa tête sur la poitrine du Maître au cours de la dernière Cène, qui se trouve au pied de la croix avec la Mère de Jésus, qui est le témoin de la tombe vide, ainsi que de la présence même du Ressuscité. Nous savons que cette identification est aujourd’hui débattue par les chercheurs, certains d’entre eux voyant simplement en lui le prototype du disciple de Jésus ; contentons-nous d’en tirer une leçon importante pour notre vie : le Seigneur désire faire de chacun de nous un disciple qui vit une amitié personnelle avec Lui. Pour y parvenir, il ne suffit pas de le suivre et de l’écouter extérieurement ; il faut aussi vivre avec Lui et comme Lui. Cela n’est possible que dans le contexte d’une relation de grande familiarité, imprégnée par la chaleur d’une confiance totale. C’est ce qui se passe entre amis ; c’est pourquoi Jésus dit un jour : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis… Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître.

            Dans les Actes apocryphes de Jean, l’Apôtre est présenté non pas comme le fondateur d’Eglises, ni même à la tête de communautés déjà constituées, mais dans un pèlerinage permanent en tant que communicateur de la foi dans la rencontre avec des âmes capables d’espérer et d’être sauvées. Tout cela est animé par l’intention paradoxale de faire voir l’invisible. Et, en effet, il est simplement appelé Le Théologien par l’Eglise orientale, c’est-à-dire celui qui est capable de parler en termes accessibles des choses divines, en révélant un accès mystérieux à Dieu à travers l’adhésion à Jésus. Dans l’iconographie byzantine, il est souvent représenté très âgé et dans l’acte d’une intense contemplation, presque dans l’attitude de quelqu’un qui invite au silence.

En effet, sans un recueillement approprié, il n’est pas possible de s’approcher du mystère suprême de Dieu et de sa révélation. Cela explique pourquoi, il y a des années, le Patriarche œcuménique de Constantinople, Athénagoras, celui que le pape Paul VI embrassa lors d’une mémorable rencontre, affirma : Jean est à l’origine de notre plus haute spiritualité. Comme lui, les silencieux connaissent ce mystérieux échange de cœurs, invoquent la présence de Jean et leur cœur s’enflamme. Que le Seigneur nous aide à nous mettre à l’école de Jean pour apprendre la grande leçon de l’amour de manière à nous sentir aimés par le Christ jusqu’au bout et donner notre vie pour Lui.