Sur Isaïe 41, 8-20 / Luc 1, 5-25
L’Esprit Saint en Jean le Baptiste

Saint Ambroise de Milan
Traité sur l’Evangile de saint Luc, SC 45, p. 63s

Il sera rempli de l’Esprit Saint dès le sein de sa mère. Il n’est pas douteux que cette promesse de l’ange à Zacharie soit véridique, puisque saint Jean, avant de naître, habitant encore le sein de sa mère, a manifesté le bienfait de l’Esprit qu’il avait reçu. En effet, tandis que ni son père, ni sa mère n’avait accompli auparavant aucune merveille, en tressaillant au sein de sa mère, il a annoncé la venue du Seigneur. C’est ce que vous lisez quand la mère du Seigneur vint à Elisabeth, celle-ci lui dit : Voici qu’au moment même où ton salut atteignait mes oreilles, l’enfant a tressailli dans mon sein. Il n’avait pas encore l’esprit de vie, mais l’esprit de grâce. Aussi bien nous avons pu constater ailleurs la réalité de la vie précédée par la grâce qui sanctifie, puisque le Seigneur a dit : Avant de te former dans les entrailles, je te connaissais, et, avant que tu ne sortes du sein, je t’ai sanctifié, je t’ai établi prophète parmi les peuples (Jérémie 1,5). Autre est l’esprit de cette vie, autre celui de la grâce : celui-là prend son principe à la naissance, expire à la mort ; celui-ci n’est pas limité par les temps ou les âges, ni éteint par le trépas, ni éclos du sein maternel. Aussi bien sainte Marie, remplie du Saint Esprit, a prophétisé, Elisée a ranimé le cadavre d’un homme mort au contact de son corps (2 Rois 13,21), et Samuel déjà mort n’a pas gardé le silence sur l’avenir (1 Samuel 28,16s). Et il sera rempli de l’Esprit Saint : à qui possède l’Esprit de grâce, rien ne manque, et celui qui reçoit l’Esprit Saint a la plénitude des plus grandes vertus.
Il ramènera de nombreux enfants d’Israël au Seigneur leur Dieu. Que saint Jean le Baptiste ait converti bien des cœurs, les attestations n’en manquent pas. Sur ce point, nous avons l’appui des Ecritures, prophétiques et évangéliques ; car une voix crie dans le désert : préparez le chemin au Seigneur, redressez ses sentiers (Isaïe 11,3), et la recherche du baptême par les foules montre qu’il se produisit un mouvement considérable de conversion dans le peuple. En croyant à Jean, on croyait au Christ, car ce n’est pas lui-même, mais le Seigneur, que prêchait le prêchait le précurseur du Christ.