sur Isaïe 13, 1- 22
De l’humilité dans la prédication

Saint François-Xavier
Correspondance : Lettres et Documents, p. 440s

Premièrement, chercher une grande humilité en matière de prédication, en attribuant tout à Dieu, et très parfaitement.
Deuxièmement, je mettrai le peuple sous mes yeux, pour voir comment Dieu a donné de la dévotion au peuple pour qu’il entende sa parole, et c’est par référence à la dévotion du peuple que Dieu m’a donné la grâce nécessaire pour prêcher, et au peuple la dévotion pour m’écouter.
M’efforcer d’aimer beaucoup le peuple, sans perdre de vue l’obligation que j’ai envers lui, car c’est par son intercession que Dieu m’a donné la grâce pour prêcher.
Je considérerai également que ce bien m’est venu par les prières et par les mérites des membres de ma congrégation, et que ce sont eux qui, avec beaucoup de charité et beaucoup d’amour, demandent à Dieu des grâces et des dons pour la plus grande gloire de Dieu et pour le salut des âmes.
Penser continuellement que je dois beaucoup m’humilier, car ce que je prêche n’est en aucune façon de moi, mais c’est Dieu qui, libéralement, le donne. C’est avec amour et avec crainte que je dois user de cette grâce, comme celui qui doit rendre à Dieu Notre Seigneur des comptes rigoureux, en me gardant bien de m’attribuer à moi-même quoi que ce soit, hormis mes fautes, mes péchés, mes orgueils, mes négligences, mes ingratitudes, tant à l’égard de Dieu qu’à l’égard du peuple à cause duquel Dieu m’a accordé cette grâce.
M’humilier très intérieurement devant Dieu, lui qui voit les cœurs des hommes, en me gardant bien de scandaliser le peuple, soit en prêchant, soit en conversant, soit en agissant, et je m’humilierai beaucoup devant le peuple.
Ce que, plus que tout, vous devez faire lorsque vous méditez, c’est de noter très attentivement les choses que Dieu Notre Seigneur vous fait éprouver à l’intérieur de votre âme quand il les imprime en vous, car c’est là qu’est le fruit. Vous méditerez sur ce que Dieu vous communiquera et de ces points en naîtront beaucoup d’autres, lesquels grandiront peu à peu par la seule miséricorde de Dieu ; vous en retirez bien du fruit si vous persévérez dans ce saint exercice d’humilité et de connaissance intérieure de vos fautes, car c’est là que se trouve tout le fruit. Pour l’amour de Dieu, je vous prie autant que je le puis de vous exercer continuellement dans ces exercices d’humilité. Beaucoup se sont perdus par manque d’humilité ; gardez-vous d’être l’un d’eux.