Sur Colossiens 2, 4-15 / Jean 1, 1-18
Les prémices de l’Ecriture

Origène
Commentaire sur saint Jean, 1, 4-6

Les prémices de toutes les Ecritures, c’est l’Evangile. En effet, prémices et premiers fruits ne sont pas identiques : c’est après la récolte qu’a lieu l’offrande des prémices, tandis que celle des premiers fruits se fait avant. Parmi les Ecritures transmises par la tradition et considérées comme divines dans toutes les Eglises de Dieu, il ne serait pas erroné de dire que les premiers fruits sont la Loi de Moïse, et les prémices, l’Evangile. Car après tous les fruits des prophètes qui ont précédé le Seigneur Jésus, la Parole parfaite a germé. Les prémices de toutes l’Ecriture, c’est donc l’Evangile, et, de tous les travaux que nous comptons entreprendre, nous consacrerons les prémices aux prémices des Ecritures.
Pour ma part, j’estime que les quatre évangiles sont comme les bases de la foi de l’Eglise. Sur ces bases est construite la réconciliation du monde entier avec Dieu dans le Christ, selon le mot de saint Paul : Dieu était dans le Christ se réconciliant le monde. Ce monde, Jésus en a enlevé le péché, car c’est à propos du monde de l’Eglise que fut écrite cette parole : Voici l’Agneau de Dieu, celui qui enlève le péché du monde. Je pense aussi que les prémices des Evangiles, c’est l’évangile de Jean qui, pour parler de celui dont la généalogie était connue, commence par dire qu’il transcende toute génération. Aucun évangéliste n’a montré la divinité de Jésus d’une manière aussi absolue que Jean qui nous rapporte de lui ces paroles : Je suis la lumière du monde ; Je suis la voie, la vérité, la vie ; Je suis la Résurrection ; Je suis la porte ; Je suis le bon berger, et, dans l’Apocalypse : Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin, le premier et le dernier.
Il faut donc oser dire que les prémices de toutes les Ecritures, ce sont les Evangiles, et que les prémices des évangiles, c’est Celui de Jean, dont personne ne peut saisir le sens s’il n’a reposé sur la poitrine de Jésus, et s’il n’a reçu de lui Marie comme mère. Or, pour être un autre Jean, il faut, comme Jean, devenir tel que l’on soit désigné par Jésus comme étant Jésus lui-même. Car si nul autre que Jésus n’a été le fils de Marie, selon ceux qui ont d’elle une sainte opinion, et si Jésus dit à sa mère : Voici ton fils, et non « Voici que lui aussi est ton fils », c’est comme s’il disait : « Voici, cet homme est Jésus que tu as enfanté ». En effet, celui dont la perfection est accomplie ne vit plus, mais le Christ vit en lui ; et puisque le Christ vit en lui, il est dit de lui à Marie : Voici ton Fils, le Christ.