Sur Isaïe 40,1-11
Le Dieu qui vient, lui le Bon Pasteur
Père Guy Couturier
Le héraut du Dieu qui vient, AS 6, p. 31s

Les revirements de situation dans l’Ancien Testament se vérifient dans des actions et des réalités bien concrètes de la part de Dieu ; c’est dans l’histoire d’un peuple particulier, Israël, qu’il s’est révélé aux hommes dans le passé : c’est encore dans leur histoire qu’il continue à se révéler.
Voici le Seigneur qui vient avec puissance. Pour l’instant, on ne donne qu’une vue globale de la situation : Dieu qui s’était exilé avec son peuple rentre en Palestine en roi victorieux, chargé du butin pris à l’ennemi, accompagné de tous les exilés. On évoque là clairement l’antique épopée de la sortie d’Egypte et de la geste guerrière de la conquête de la Palestine par l’intervention de son bras qui soumet tout. Ce peuple que Dieu s’était acquis en Egypte en l’arrachant à l’oppression, il le libère maintenant de la domination babylonienne, comme sa propriété personnelle. Un Israël libre, voilà le salaire de son travail !
La deuxième image de Dieu Sauveur est empruntée à la vie nomade : Dieu est le Pasteur de son peuple. Dans l’Ancien Testament, seul le chef du peuple porte ce titre, d’où son attribution fréquente à Dieu, comme Maître et Seigneur d’Israël. Une telle image évoque toujours l’attention amoureuse et tendre que Dieu porte à ceux qui lui appartiennent. Le troupeau est exposé aux rigueurs de la disette et aux dangers des fauves et des voleurs ; aussi le berger doit-il toujours veiller sur lui et prévoir à l’avance de gras pâturages. Il en va de même pour Dieu, le Bon Pasteur : sa seule vraie passion est l’intérêt et l’amour indéfectibles qu’il réserve à ceux qu’il s’est choisis d’abord, puis à tous les hommes. Le seul service qu’il attend d’eux, c’est une fidélité à garder ses commandements : qu’ils se témoignent loyauté et justice entre eux, et qu’ils le reconnaissent, lui, comme le seul vrai Dieu. S’il arrive que le troupeau s’égare en faisant des accrocs à cette Alliance librement conclue, ce n’est pas la mort de l’infidèle que Dieu désire, mais sa conversion, son retour au bercail, afin qu’il vive.
Soyons certains : dans l’histoire d’Israël, comme dans celle de l’humanité, la venue de Dieu est constante. Dieu s’est engagé à ne jamais laisser l’histoire se dérouler en dehors de sa direction depuis le jour où il s’est choisi Abraham, puis toute sa descendance. Dieu vient non pas dans un temps éloigné et insaisissable, mais sans cesse et aujourd’hui même, chaque fois que l’homme reconnaît sa faute et se montre prêt à joindre sa bonne volonté à celle de son Dieu pour faire œuvre de justice et de sainteté. Voilà ce que nous devons réaliser dans notre propre tranche d’histoire.