Sur Hébreux 2, 9-17

Sainte Marie, Mère de Dieu

Adrienne von Speyr

La servante du Seigneur, p. 39s

 

Marie devient Mère par son oui, en laissant la parole de l’ange devenir oui en elle par l’Esprit-Saint. Dans le oui même, la grâce se manifestait comme une interrogation de Dieu à laquelle elle était invitée à répondre. Maintenant qu’elle est Mère, la grossesse est devenue signe et gage de la réponse de Dieu qu’est la grâce qui s’épanouit en elle. Entre la question de Dieu et sa réponse, il n’y a pas de lent développement. De même que la Mère n’hésite pas, ne demande pas de temps pour réfléchir, la réponse de Dieu aussi est immédiate. L’Esprit la couvre de son ombre à l’instant où elle s’ouvre à lui ; c’est comme la foudre qui fondrait, dans une unité infiniment féconde, la question de Dieu et la réponse de l’homme, la disponibilité de l’homme et la réponse de Dieu. Entre les deux, il y a à la fois une cohésion parfaite et un saut inconcevable : car jamais le oui de Dieu ne se laisserait déduire du seul oui de l’homme, et pourtant le oui de l’homme n’est imaginable qu’à l’intérieur du oui parfait de la grâce divine.

Voilà qu’elle porte l’Enfant en elle. Elle le porte en son corps et en son esprit. Corporellement il se développe en elle et a besoin de sa substance pour grandir. Spirituellement pourtant, c’est plutôt l’Enfant qui développe et forme la Mère. Dans son oui, elle était prête à devenir spirituellement la Mère du Seigneur. Dans la maternité, l’Esprit du Seigneur s’empare d’elle pour la féconder dans le sens de l’Esprit. Ainsi la maternité devient-elle la clef de tous les autres mystères de Marie. Elle les contient en elle comme la Mère porte en elle le Fils ; car tous ses mystères ont leur essence, leur moyen et leur solution dans le Fils. Elle les possède en partie sans les connaître ou du moins sans les pénétrer elle-même ; pour sa tâche, il ne lui est pas nécessaire de tout saisir, pas plus qu’elle n’a besoin de comprendre l’Enfant qu’elle porte. Sa tâche est de laisser le mystère s’opérer. Son oui l’a mise à la disposition de Dieu et, en conséquence, Dieu a disposé d’elle. Que désormais elle persévère simplement qu’elle soit celle qui laisse faire, c’est là une œuvre assumée par la grâce. Elle a donné son consentement en toute disponibilité, sans vouloir contrôler tout ce à quoi elle consentait. Dans la maternité, un contrôle est encore moins possible : il lui suffit de comprendre et de faire ce que la grâce à chaque instant lui montre et lui demande. Elle qui porte et forme le Fils de la grâce, elle se laisse elle-même porter et former par la grâce.