Sur Michée 7, 14-20
Le bon Pasteur viendra visiter ses brebis errantes

Rupert de Deutz
Sur Michée, livre II, chapitre 7

Avec la houlette, fais paraître ton peuple, le troupeau de ton héritage. Ces paroles du prophète, à qui s’adressent-elles ? N’est-ce pas à celui qui s’affirme chargé de ce ministère, lorsqu’il dit : Je suis le bon Pasteur, je suis la porte des brebis. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé, il pourra aller et venir, il trouvera un pâturage (Jean 1O,7-11). Et Pierre déclare par ailleurs : Autrefois, vous étiez errants comme des brebis (1 Pierre 2,25).
Ce que le prophète dit ensuite : Elles demeurent isolées dans les bois, désigne précisément ces brebis errantes, sans pasteur, exposées à la gueule des loups, parce qu’il ne se trouver personne pour les chercher et que leurs bergers sont de mauvais bergers. C’est pourquoi, par la bouche d’un autre prophète, ce bon pasteur auquel s’adresse Michée, lance ses malédictions : Malheur aux bergers d’Israël qui sont bergers pour eux-mêmes ! Mes brebis ses sont dispersées faute de pasteurs, pour devenir la proie de toutes les bêtes sauvages : personne pour les chercher, personne pour s’en occuper. Maintenant, j’irai moi-même à la recherche de mes brebis et je les visiterai comme un pasteur visite son troupeau. C’est moi qui ferai paître mes brebis (Ezéchiel 34,2-15).
L’esprit prophétique n’ignorait pas ce projet du bon Pasteur. Aussi Michée demande-t-il à juste titre et avec insistance de faire paître son peuple avec sa houlette, c’est-à-dire en toute justice. Et le pasteur de répondre : Je les ferai paître comme aux jours d’autrefois. Le sens de cet oracle est simple. Mais n’oublions pas ce que dit l’Apôtre, quand en réfléchissant, il se rappelle ces jours d’autrefois, ces jours de la sortie d’Egypte, ô antique Eglise, avec les merveilles que le Seigneur fit voir alors : Tous ces événements sont arrivés pour nous servir de figures (1 Corinthiens 10,6). N’est-ce pas là ce que proclament et chantent tous les ministres de l’Eglise dans leurs prédications et dans leurs livres : nous sommes le peuple du Seigneur et les brebis de son pâturage, le troupeau de son héritage ? Tout comme autrefois, nous avons été délivrés d’un pharaon spirituel, c’est-à-dire du diable et du péché, nous sommes sortis de l’Egypte de ce monde, c’est-à-dire des ténèbres de l’ignorance avec le front marqué du signe de la Passion du Christ, lui, l’Agneau véritable et le bon Pasteur ; nous avons traversé la mer du Baptême, nous avons mangé la nourriture spirituelle et bu la boisson spirituelle : le Corps et le Sang de ce Pasteur, de cet Agneau. Voilà, dit le Pasteur, les merveilles que je leur montrerai.