Sur Romains 5, 1-11
Être en paix près de Dieu
Origène
Commentaire sur l’épitre aux Romains, SC 539, p. 285s

Celui qui a compris ce que c’est que d’être justifié par la foi et non par les œuvres, est invité très clairement par ces mots à la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, dans laquelle consiste toute la perfection.
Mais pour comprendre avec plus d’exactitude la pensée de saint Paul, cherchons ce que représente pour lui le mot : paix, et cette paix qui vient par notre Seigneur Jésus, le Christ.
On parle de paix là où personne n’est désuni, où personne n’est en désaccord, là où il ne se fait rien d’hostile, rien de barbare. Nous donc, qui jadis avons été ennemis de Dieu, suivant le diable ennemi et tyran, si maintenant nous rejetons ses armes et recevons le signe du Christ et l’étendard de sa croix, nous avons assurément la paix près de Dieu, mais par notre Seigneur Jésus Christ qui, par l’offrande de son sang, nous a réconciliés avec Dieu, comme il est écrit : Alors que nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés par le sang de sa croix. Et ailleurs, le même Paul ajoute à cela ces mots : Nous vous en prions, par le Christ, réconciliez-vous avec Dieu.
Si donc quelqu’un a la paix près de Dieu et s’il est réconcilié par le sang du Christ, ce qui est ennemi de Dieu ne le touche plus. Veux-tu entendre qui est ennemi de Dieu ? Paul lui-même te l’apprend, lui qui dit : La prudence de la chair est ennemie de Dieu, car elle n’est pas soumise à la loi de Dieu. Si tu goûtes ce qui est chair, tu te fais de Dieu un ennemi. Paul n’est pas le seul à écrire cela dans ses lettres : écoute Jacques le frère du Seigneur : Qui veut être l’ami du monde se fait l’ennemi de Dieu.
Celui donc en qui se trouve cet amour du monde, ne peut avoir de paix près de Dieu, mais au contraire il réveille ces haines que le Christ est venu détruire, Lui qui est notre paix, lui qui créa les deux peuples en un seul homme nouveau, faisant la paix.
Justifiés par la foi, nous avons la paix près de Dieu par notre Seigneur Jésus Christ. Nous avons la paix, rien en nous ne devrait s’opposer à la loi de Dieu. Qu’il n’y ait plus en nous du oui et du non, mais que tous nous disions une seule chose, que nous ayons un même sentiment, qu’il n’y ait aucune discorde, ni à l’intérieur de nous-mêmes, ni à l’extérieur : c’est alors que nous aurons la paix près de Dieu, par notre Seigneur Jésus le Christ.