Sur Romains 3, 21-31

L’homme est justifié par la foi sans la pratique de la Loi

 

Origène

Commentaire sur l’épître aux Romains, Livre III, chapitre 6, SC 539, p. 149s

 

Le Christ Jésus affirme que la justification par la seule foi suffit, de sorte que si quelqu’un croit seulement, il est justifié même s’il n’a accompli aucune des œuvres.

Donnons un exemple : je pense que suffit ce larron qui, crucifié avec Jésus, lui cria du haut de sa croix : Seigneur Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. Aucune autre œuvre bonne ne lui est attribuée par les Evangiles, mais pour cette seule foi, Jésus lui dit : En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. Appliquons maintenant les paroles de l’Apôtre Paul au cas de ce larron et disons aux Juifs : Où donc est le droit de se glorifier ? Il est exclu, mais exclue non par la loi des œuvres, mais par la loi de la foi. C’est par la foi, en effet, qu’a été justifié ce larron sans les œuvres de la loi, car le Seigneur ne s’est pas informé de ce qu’il avait fait auparavant ; il n’a pas attendu qu’il accomplisse des œuvres après avoir cru, mais justifié par sa seule confession, il se l’est adjoint comme compagnon au moment d’entrer au paradis.

Il est donc justifié par la foi l’homme à qui les œuvres de la loi n’apportent rien pour le justifier. Mais quand il n’y a pas la foi pour justifier le croyant, même si l’on accomplit les œuvres de la loi, quelque bonnes qu’elles paraissent, du fait qu’elles ne sont pas édifiées sur le fondement de la foi, elles ne peuvent cependant justifier celui qui les fait. C’est qu’il leur manque la foi qui est le sceau de ceux qui sont justifiés par Dieu : Abraham crut en Dieu, et ce lui fut compté comme justice. Il suffit que celui qui est justifié par la grâce de la foi dise comme Paul : La grâce de Dieu qui m’a été donnée n’ pas été vaine. Est donc exclue toute gloriole venue des œuvres de la loi.

Pour rendre encore plus clair ce que nous disons, donnons un exemple tiré de ce qui est écrit dans l’Evangile, là où un pharisien et un publicain montent au Temple de Dieu. Debout devant tous, est-il dit, le pharisien disait : Seigneur, je te rends grâce : je ne suis pas comme les autres hommes : je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. Ce qu’il dit là est peut-être exact, mais, selon la sentence du Seigneur, vicié par la maladie de la jactance, il ne descendit pas du Temple justifié.