Sur Romains 15, 14-33
Le ministère de Paul
Origène
Commentaire sur l’épître aux Romains, SC 555, p. 337s

Il n’y a pas de vraie glorification devant Dieu, sinon celle qui est dans le Christ Jésus. Or, être glorifié en Dieu sans le Christ, c’est comme si quelqu’un disait pouvoir avoir de la gloire auprès de Dieu sans justice, sans sagesse, sans vérité. Car tout cela, c’est le Christ. C’est pourquoi la vraie glorification devant Dieu est dans le seul Christ. Voilà qui ressemble à ce que Paul dit ailleurs : Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur.
Je n’ose parler, dit Paul, de rien que le Christ n’ait accompli par moi, pour amener les nations à l’obéissance par la parole et par l’action, par la puissance des signes et des prodiges, dans la force de l’Esprit de Dieu. Ce que vous dis, assure-t-il, ce ne sont pas les paroles d’un autre, et je ne me fais pas le panégyriste des actions d’autrui, mais je vous écris ce qu’à ma connaissance le Christ a fait par moi, ce que, pour amener les nations à l’obéissance, il a effectué en moi, par la parole et par l’action : la parole de la prédication, l’action des signes et des prodiges.
On parle de signes là où, alors qu’il y a quelque chose d’admirable, est annoncé aussi quelque événement futur. Par contre, on appelle prodiges, là où est seulement montré quelque chose d’admirable. Paul a donc parlé de signes et de prodiges comme contenant l’un et l’autre de ces sens. Cependant, parfois l’Ecriture divine contient ces caractéristiques, parfois aussi elle les emploie improprement et met prodige pour signe, et signe pour prodige.
Paul donc, par la puissance des signes et des prodiges, répandit l’Evangile du Christ depuis Jérusalem jusqu’à l’Illyrie. Dieu avait donné à Moïse et à Aaron le pouvoir de faire des signes et des prodiges, comme il est écrit : Il mit en eux la parole de ses signes et de ses prodiges sur la terre de Cham, pour qu’une fois l’Egypte châtiée, ils libèrent les fils d’Israël. Paul, ayant reçu le pouvoir de faire des signes et des prodiges par la prédication de sa parole et la puissance de ses œuvres et de ses vertus, convertit aux symboles du Christ non pas une nation ou deux ou trois, mais toutes les nations et tous les peuples, depuis Jérusalem et ses alentours jusqu’à l’Illyrie. Or il prêcha cet évangile de manière à ne pas insérer l’ajout de sa parole dans les travaux des autres et la prédication d’autrui pour ne pas sembler bâtir l’édifice de sa propre prédication sur les fondements de la foi posée par un autre, et voler la gloire de l’œuvre d’autrui.