Sur 1 Corinthiens 4, 1-21
Le souci paternel de Paul
Saint Thomas d’Aquin
Commentaire de la première épître aux Corinthiens, p. 167s

Après avoir repris les Corinthiens pour avoir jugé témérairement et méprisé présomptueusement les Apôtres, Paul s’applique à les corriger. Il leur adresse en premier lieu une parole d’avertissement comme à des enfants bien-aimés : ce que je vous écris, je l’écris non pour vous confondre, car je veux vous couvrir d’une confusion qui évite lé péché selon la parole de l’Ecclésiastique : Il y a une confusion qui amène le péché, et une autre qui amène la grâce et la gloire. Il leur montre ensuite la manière appropriée pour les avertir : Auriez-vous dix mille pédagogues dans la Christ, vous n’avez pas plusieurs pères ! Remarquez ici que le père est d’abord celui qui engendre, tandis que le pédagogue est celui qui nourrit et enseigne l’enfant déjà né. La Loi a été notre pédagogue dans le Christ. L’Apôtre se dit donc leur père dans le Christ, parce que le premier il leur a prêché l’Evangile. Et il ajoute : C’est moi qui, par l’Evangile vous ai engendrés dans le Christ Jésus. Or, la génération, c’est le processus vers la vie, mais l’homme vit dans le Christ par la foi : Car si je vis maintenant dans la chair, j’y vis en la foi du Fils de Dieu. La foi, comme le dit l’Apôtre dans la lettre aux Romains, provient de l’audition, mais on entend par la parole. La parole de Dieu est donc la semence par laquelle l’Apôtre les a engendrés dans le Christ. D’où ces paroles de saint Jacques : C’est volontairement qu’il nous a engendrés par la parole de vérité. Et l’Apôtre mentionne l’existence d’autres pédagogues, parce que, après avoir reçu ma foi, ceux-ci ont aidés les Corinthiens. Il donne à entendre à propos de la prédication de l’Evangile que la comparaison entre celui qui arrose et celui qui plante, entre celui qui pose le fondement et celui qui édifie dessus, est la même qui existe entre le pédagogue et le père.
Ayant dit cela, l’Apôtre cherche à corriger les Corinthiens par son exemple : lors donc que vous êtes mes enfants, dit-il, et que tout enfant bien né imite son père, je vous le demande, soyez mes imitateurs. C’est-à-dire, ne jugez pas téméraire, comme moi je ne le fais pas, car je n’ai même pas la présomption de me juger moi-même. Ayez de vous des sentiments d’humilité, et pour les autres des sentiments de haute considération. N’est-ce pas sans raison que l’Apôtre use d’une telle manière de parler : Nous sommes faibles, mais vous vous êtes forts.