Sur 1 Corinthiens 2, 1-16

L’Esprit d’après l’enseignement des Ecritures

Saint Basile de Césarée

Traité du Saint Esprit, SC 17, p. 145s

 

Dieu est Esprit, dit Jésus à la samaritaine. Celui ou celle qui entend dire Esprit ne peut se figurer une nature bornée, soumise aux changements et sujette aux variations, en tous points semblables à la créature. Au contraire, celui qui s’élance en sa pensée vers la plus haute essence a nécessairement dans l’idée une substance intelligente, infinie en puissance, illimitée en grandeur, échappant à la mesure des temps et des siècles, prodigue de ses propres biens.

Vers l’Esprit se tourne tous ceux qui ont besoin de sanctification ; vers l’Esprit s’élance le désir de tous ceux qui vivent selon la vertu ; son souffle rafraîchit et secourt tous les êtres pour les faire parvenir à la fin qui leur est propre selon leur nature. Capable de parfaire les autres, lui-même ne manque de rien. Il ne vit pas d’acquisitions, mais c’est lui qui dispense la vie. Il est tout de suite plénitude, solide en lui-même et il est partout. Source de sanctification, lumière intelligible il offre de lui-même, à toute puissance spirituelle, une certaine clarté pour trouver la vérité. Inaccessible selon sa nature, il se laisse comprendre à cause de sa bonté. Il remplit tout par sa puissance, mais ne se communique qu’à ceux qui en sont dignes ; il ne donne pas à tous la même mesure, mais distribue son énergie en proportion de la foi. Simple en son essence, multiple en ses puissances, tout entier présent à chacun, il est tout entier partout. Il partage ses grâces et reste inentamé. A l’image d’un rayon de soleil dont la luminosité est présente à celui qui en jouit comme s’il en jouissait seul, il illumine la terre et la mer, et se mêle à l’air. Par lui, les cœurs s’élèvent, les faibles sont conduits par la main, les progressants sont menés vers la perfection. C’est lui qui, en illuminant ceux qui sont purifiés de toute souillure, les rend spirituels par communion avec lui. Comme les corps limpides et transparents deviennent étincelants sous un rayon de soleil et jettent un éclat qui n’est pas le leur, ainsi les âmes porteuses d’Esprit resplendissent de l’Esprit : devenues elles-mêmes spirituelles, elles reflètent et répandent sur les autres la grâce.

Par sa nature, l’Esprit est bon, comme le Père est bon, comme le Fils est bon. La créature, en choisissant le bien, devient participante de la Bonté. L’Esprit connaît les profondeurs de Dieu : la créature saisit, par l’Esprit, la manifestation de Dieu.