Sur 1 Corinthiens 3, 1-23
« Soyez des pierres vivantes »
Saint Augustin
Sermon 24, OC 16, p. 99s

Grâces soient rendues à celui dont l’amour n’exclut pas la crainte, dont la seule crainte n’empêche pas l’amour. C’est lui que nous bénissons, lui que nous honorons. Car le Temple de Dieu est saint, et c’est vous qui êtes ce temple. Considérez quelle doit être l’étendue, la perfection de sa propre vie, puisque les pierres elles-mêmes de son temple sont animées. Les pierres vivantes disent à celui qui habite en elles : Seigneur, qui est semblable à toi ? Représentez-vous toutes les créatures, la terre et tout ce qu’elle renferme, la mer et tout ce qu’elle contient, l’air et tout ce qui vit dans l’air, le ciel et tout ce qui est dans le ciel. Dieu a dit, et tout a été fait, il a ordonné et tout a été créé. Qui donc, Seigneur, est semblable à toi ?
Quant aux pierres mortes, plût à Dieu qu’elles fussent sensibles à la compassion des pierres vivantes. J’appelle pierres mortes, non pas celles qui entrent dans la construction des édifices, mais celles à qui les dieux ressemblent. Les pierres vivantes, elles, sont celles à qui l’apôtre Pierre dit : Et vous, frères, soyez établis sur le Seigneur comme des pierres vivantes pour élever à Dieu un temple saint. Puissent ces pierres mortes être sensibles à la compassion que leur portent les pierres vivantes ! Que faisons-nous, après quoi courons-nous avec le cœur tantôt resserré, tantôt dilaté ? Quel est le but de nos soins, de nos efforts, n’est-ce pas de séparer la pierre de la pierre ? Car les pierres vivantes ont des yeux et voient, des oreilles et elles entendent, des mains et elles agissent, des pieds et elles marchent, et elles connaissent celui qui les a faites. Mais les pierres mortes ne connaissent que leurs idoles de pierre qu’elles regardent comme des dieux, elles les adorent ouvertement, elles leur offrent des sacrifices, et deviennent elles-mêmes le sacrifice du démon.
Frères, vous savez, vous, à quel Dieu nous avons dit : Seigneur, qui est semblable à toi ? A ce Dieu dont nous ne rougissons pas, dont les titres ne sont pas inscrits sur la pierre, mais gravés dans nos cœurs, dont le nom est connu de tous et vit dans l’âme des vrais fidèles, habite dans les cœurs soumis, et triomphe des superbes. Nous savons à qui nous avons dit : Seigneur, qui est semblable à toi ?