Sur 1 Corinthiens 1, 1-17
Le Christ écartelé
Clément de Rome
Epître aux Corinthiens, SC 167, p. 176s

Pourquoi des querelles, des colères, des disputes, des séparations, des guerres parmi vous ? N’avons-nous pas un seul Dieu, un seul Christ, un seul Esprit de grâce qui a été répandu sur nous et une seule vocation dans le Christ ? Pourquoi écarteler et déchirer les membres du Christ ? Pourquoi êtes-vous en révolte contre notre propre corps et en arriver à un tel degré de démence ? Oublions-nous que nous sommes les membres les uns des autres ? Rappelez-vous les paroles de Jésus Notre Seigneur : Malheur à cet homme-là ! Il vaudrait mieux pour lui n’être pas né que de scandaliser un seul de mes élus ; il serait meilleur pour lui qu’on lui attache une meule et qu’on le précipite au fond de la mer que de détourner un seul de mes élus. Vos scissions en ont détourné beaucoup, elles en ont jeté beaucoup dans le découragement, beaucoup dans le doute, et nous tous dans le chagrin. Et vos dissensions se prolongent !
Reprenez la lettre du bien-aimé Paul l’Apôtre. Que vous a-t-il écrit en premier, au début de l’évangélisation ? C’est sous l’inspiration de l’Esprit qu’il vous a envoyé une lettre parlant de lui-même, de Céphas et d’Apollos, car dès ce temps-là vous formiez des factions. Mais cette cabale était alors pour vous une moindre faute, car vos préférences allaient à des apôtres autorisés et à un homme qui était éprouvé à leurs yeux. Mais maintenant considérez quels sont les gens qui vous ont détournés et qui ont fait baisser le prestige et la réputation de votre amour fraternel. Il est honteux, tout à fait honteux et indigne d’une conduite chrétienne qu’on entende dire que la très ferme et antique Eglise de Corinthe, à cause d’un ou deux personnages, est en révolte contre ses presbytres. Et le bruit en est venu non seulement jusqu’à nous, mais aussi à ceux qui ne partagent pas nos croyances, si bien que votre folie fait blasphémer le nom du Seigneur et qu’elle vous met vous-mêmes en danger.
Hâtons-nous donc de supprimer ce mal ; jetons-nous aux pieds du Maître, pleurons et supplions, afin qu’il nous exauce, nous réconcilie et nous rétablisse dans la noble et sainte pratique de l’amour fraternel.