Sur Luc 2, 22-40
Comment s’éveille le sentiment d’affection
Saint Aelred de Riévaulx
Sermons pour l’année, Pain de Cîteaux 23, sermon 51, p. 65s

Saint Syméon n’avait assurément pas vu le Christ, mais la foi avait éveillé en lui un élan affectif, cette foi qui vient de ce qu’on entend. Il avait bien sûr appris des prophètes que le Christ viendrait, il avait appris la manière dont il viendrait, il avait aussi appris les qualités qu’il aurait quand il viendrait, et il avait appris pourquoi il viendrait. Il avait certainement entendu dire que le Christ viendrait. Comment ? Dans la chair évidemment. Avec quelles qualités ? Si tu cherches à être renseigné au sujet de la beauté, il vient comme le plus beau des enfants des hommes ; au sujet de la douceur, son Esprit est plus doux que le mile ; au sujet de la manière d’être, il est doux et humble de cœur, miséricordieux au point d’appeler les publicains et les prostitués, compatissant à notre égard au point de prendre sur lui notre faiblesse, rempli de charité au point d’aller jusqu’à l’amour des ennemis, et patient jusqu’à la mort. Lui qui est si beau, si doux, si débordant de vertus, pourquoi vient-il ? Certainement pour nous racheter, pour justifier les rachetés, pour glorifier ceux qui sont justifiés.
Saint Syméon, ayant entendu les prophètes parler de ces choses et d’autres semblables, et les ayant lues dans les Ecritures, était mû par un admirable et ineffable élan affectif à l’égard d’un tel être, d’un être si grand, si plein de douceur en lui-même, si avantageux pour nous. Devant un tel élan affectif provoqué en nous et qui nous provoque, suscité en nous et qui nous met en mouvement, devant un tel élan affectif si véhément, si brûlant, si entraînant, la volonté accourt, la raison applaudit ; et c’est ainsi que se produit une ardente dilection et un commencement de pacte d’union selon l’esprit. Enfin se prépare le festin et s’allume le désir. De quel genre est ce festin, demandes-tu ? Nul ne le connaît hormis celui qui le reçoit. Lisez, je vous prie les Ecritures. Tout ce que nous avons dit devoir arriver au sujet du Christ, saint Syméon l’avait appris ; et vous y avez cru comme étant déjà réalisé. C’est pourquoi, lorsque vous entendez et lisez ces choses, que vous les repassez aussi dans votre imagination et votre réflexion, je ne pense pas que vous soyez dénués de douceur intérieure.
Qu’y a-t-il de plus lumineux, frères, que la contemplation de saint Syméon, qu’y a-t-il de plus suave que son élan intérieur, qu’y a-t-il de plus véhément que son amour ?