Sur Luc 10, 38-42
Marthe et Marie
Saint Augustin
Sermon 104, 3, OC 17, p. 135s

Ces deux femmes, Marthe et Marie, sont la figure de deux vies différentes, la présente et la future, la vie laborieuse et la vie tranquille, la vie peineuse et la vie bienheureuse, la vie temporelle et la vie éternelle. Ce sont deux vies distinctes : qu’elles soient l’objet de nos réflexions. Considérons la vie que mène Marthe : ce n’est pas une vie mauvaise, injuste, criminelle, voluptueuse, impie ; non, c’est une vie de travail et de peines, pleine de chagrins, agitée par la crainte, assaillie par les tentations. En ces deux femmes, point de vie coupable ? Dans cette demeure qui reçoit le Seigneur, il n’y a que deux vies figurées par ces deux femmes, deux vies louables, deux vies agréables au Seigneur, l’une travaille, l’autre vaque, deux vies exemptes d’oisiveté. Ces deux vies, je le répète, sont innocentes et pures. Cette maison abrite donc deux vies, et avec elles la source de la vie . Marthe est la figure de la vie présente, la vie d’ici-bas ; Marie est le symbole de la vie future ; que faisait-elle ? Ce que nous espérons. Sanctifions la vie active de l’une pour posséder pleinement la vie de Marie, celle que nous espérons, la vie de repos en Dieu. En effet, que pouvons-nous avoir ici-bas de cette vie que nous espérons ? Dans quelle mesure nous est-elle donnée tant que nous sommes sur la terre ? Nous en goûtons quelque chose, lorsque éloignés des affaires, nous faisons trêve de nos soucis domestiques. C’est ce que vous faites en ce moment, frères, vous êtes venus ici ; vous êtes tous réunis pour écouter attentivement la parole de Dieu : en cela, vous êtes semblables à Marie. Vous vous appliquez au Seigneur plus facilement que moi qui parle, moi qui vous essaye de vous donner cette parole divine. Mais ce que je dis vient du Christ, c’est donc le Christ qui vous nourrit. C’est le pain commun où vous et moi nous puisons la vie. Nous vivons maintenant, mes frères, si nous demeurons fermes dans le Seigneur en nous appuyant non pas sur nous, mais sur le Seigneur. Car celui qui plante n’est rien, ni celui qui arrose, mais, c’est Dieu qui donne l’accroissement, c’est lui qui nous nourrit.