Sur Deutéronome 16, 1-17
Les grandes fêtes annuelles

Origène
Homélie sur les Nombres, SC 461, p. 109s

Quelle fut, dans le déroulement des solennités et dans leur rituel sacrificiel, la manière de préparer une fête pour Dieu par la sanctification de la vie et des actes ?
La solennité de la Pâque comporte l’immolation de l’agneau. Toi, regarde le véritable Agneau, l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, et proclame que le Christ, notre Pâque, a été immolé. Les Juifs mangent d’une façon charnelle la chair de l’agneau ; nous, nous mangeons la chair du Verbe de Dieu : Si vous ne mangez pas ma chair, vous n’aurez pas la vie en vous. Ces paroles, que nous venons de prononcer, sont, elles aussi, la chair du Verbe de Dieu. Quand la parole se fait spirituelle, théologique, pleine de la foi trinitaire, quand elle se révèle substantielle, quand, une fois écarté le voile de la lettre, elle publie les mystères du monde à venir contenus dans la Loi spirituelle, quand l’espérance de l’âme, arrachée loin de la terre, est lancée dans les cieux et s’établit dans les biens que l’œil ne peut voir, ni l’oreille entendre, qui ne sont pas montés au cœur de l’homme, toutes ces paroles sont chair du Verbe de Dieu. Celui qui peut s’en nourrir avec une compréhension parfaite et un cœur purifié, celui-là immole en vérité le sacrifice pascal et célèbre la fête avec Dieu et avec ses anges.
Après cette fête, ou plutôt dans sa continuation, se présente celle des Azymes : tu la célèbreras comme il faut si tu supprimes de ton âme tout ferment de perversité et de vice, si tu conserves les azymes de la droiture et de la vérité. Car ce qui fait horreur à Dieu, c’est la fermentation de l’âme, provoquée par l’esprit de perversité, de colère, de méchanceté. Dieu n’en veut pas dans l’âme, et si nous ne chassons pas tous ces ferments de notre demeure intérieure, c’est nous qu’à bon droit il chassera.
Ensuite vient la fête où l’on présente les offrandes de la nouvelle récolte. Celui qui sème dans l’Esprit, récoltera de l’Esprit la vie éternelle. Le premier fruit de l’Esprit, c’est la joie ; en même temps que la joie, mûrissent la paix, la patience, la bonté, la douceur et les autres fruits de cette sorte. Oui, si l’on récolte tous ces fruits, on célèbrera très dignement pour le Seigneur la fête des nouvelles moissons.
Le dernier jour des fêtes de Dieu, celle où le Seigneur est dans la joie à cause de l’homme, c’est la fête des Tentes. En cette solennité, tu fais vraiment la joie de Dieu s’il te voit habiter en ce monde sous une tente, sans avoir ton cœur et ta vie rivés et fixés à cette terre, s’il te voit te conduire comme un voyageur de passage qui se hâte vers sa vraie patrie d’origine, le paradis. Si Dieu te voit dans ces dispositions, il est rempli de joie à ton sujet, et il célèbre une fête à cause de toi.