Sur Matthieu 27, 55-61

Le sépulcre ouvert de Jésus-Christ

 

Saint Augustin

Appendice, Sermons, quatrième série, sermon 268, OC 20, p. 446s

 

Nous lisons dans le psautier (5,10) : Leur gosier est un sépulcre béant. S’il est vrai que le gosier des hommes soit un sépulcre béant, ne serait-il pas vrai de dire que Joseph plaça moins le Seigneur dans un tombeau terrestre, qu’il ne le recueillit dans le monument de son cœur, afin d’en confier le dépôt, non pas à la mémoire fragile de l’homme, mais à la sainte mémoire de la vertu.

En effet, elle est fidèle la mémoire de la vertu qui, contenant en elle Jésus-Christ, ne souffre pas qu’il soit souillé par le contact corrupteur des hérésies. C’est de cette mémoire que le Seigneur dit dans les saintes Ecritures : Toutes les fois que vous le ferez, faites-le en mémoire de moi jusqu’à ce que je vienne (1 Corinthiens 11,24). Aussi, toutes les fois que nous prononçons le nom de Jésus-Christ, nous l’accueillons plus intimement dans notre mémoire plus sanctifiée. C’est donc avec raison que le psalmiste appelle le gosier de l’homme un sépulcre béant.

La bouche bienheureuse des Evangélistes était le sépulcre ouvert de Jésus-Christ, et c’est par lui qu’ils l’ensevelirent dans l’éternel trésor des Ecritures. Et ce sépulcre est dit ouvert, parce que celui qui veut parvenir au mystère de Jésus-Christ, n’y arrive qu’en passant par l’entrée religieuse des Evangiles. Le Seigneur a été confié à l’asile des lettres sacrées, comme à une tombe neuve. Quiconque donc désire le voir trouvera dans ces livres le mystère de sa Passion et y reconnaîtra la gloire de sa résurrection. Le cœur des saints est donc ouvert. Aussi l’Apôtre dit-il aux Corinthiens : Ô Corinthiens, ma bouche s’ouvre vers vous (2 Corinthiens 6,11). Il les invite à diriger leurs cœurs vers les secrets mystères de Jésus-Christ par la porte ouverte de sa prédication. C’est donc en cette mémoire du cœur que le Seigneur est déposé par Joseph, afin que le Fils de l’homme, accueilli dans la demeure de la justice, ait où reposer la tête.