sur 2 Samuel 2,1-11 . 3,1-5

David roi du sud à Hébron

Père Jean Steinmann

David, roi d’Israël, p. 68s

 

La royauté de David à Hébron dura sept ans. Mais la Bible est presque muette sur l’œuvre de longue haleine accomplie par le jeune roi. On devine seulement qu’il réorganise son armée sur une plus vaste échelle, et découvre les principes de la politique intérieure à suivre plus tard durant son long règne.

David jouissait de ressources plus importantes qu’à Siqlag. Il avait un fils d’Abigaïl : Kiléab. Il s’enrichissait du commerce de ses sujets, percevait l’impôt sur les caravanes de passage et pouvait lever des guerriers dans les tribus belliqueuses du sud.  C’est alors que se formèrent les cadres de la future armée d’Israël, l’équipe des Giborim ou des Preux, la plupart originaires de Juda, combattants d’élites et officiers qui s’étaient fait grosse réputation dans les duels à l’arme blanche. Leur nom passera à la postérité et leurs exploits, souvent presque légendaire, auréoleront l’apogée du règne de David d’une gloire d’épopée et de chevalerie.

Cette armée était sous les ordres de Joab, fils de Serouya, et neveu de David. Joab, qui servira David toute sa vie, apparaît comme un reître brutal, ne connaissant d’autre loi que celle de la violence et de l’épée, capable de n’importe quelle ruse pour abattre un ennemi. On peut en conclure qu’il était apte à maintenir l’armée sous une poigne de fer et à lui imposer la rude discipline indispensable. D’ailleurs courageux et payant volontiers de sa personne dans la bataille.

David était plus qu’un guerrier. Il se sentait à juste titre capable de jouer un grand rôle politique. L’armée était un instrument de cohésion et de sécurité pour le petit royaume, mais à la condition de ne pas empiéter sur la diplomatie. Il est probable que, dès le début de son règne à Hébron, le jeune roi dut s’efforcer de régler toutes les questions intérieures à l’amiable. C’était faire preuve d’habileté et de sagesse, suivre la tradition de Juda qui consistait à entretenir de bonnes relations avec les autochtones au lieu de les asservir par la force. En s’appuyant sur les autorités provinciales, il préparait cet équilibre harmonieux des pouvoirs qui saura éviter la semi-anarchie du règne de Saül et le despotisme encore plus dangereux de Salomon.