sur Jean 20, 1-18

Marie-Madeleine

 

Père Henri-Dominique Lacordaire

Sainte Marie-Madeleine, chapitre 5

 

A la porte de son tombeau, à l’aube de sa résurrection, Jésus s’adresse directement à Marie-Madeleine. Ecoutons, nous aussi, ces dernières paroles tombées des lèvres du Christ dans l’âme de son amie, méditons-les.

Femme, pourquoi pleures tu ? Jésus ne lui avait point dit cela lorsque, au jour de sa conversion, elle pleurait à ses pieds. L’heure des larmes est passée : la pénitence, la croix, la mort, le tombeau, tout a disparu dans les splendeurs de la résurrection. Marie, désormais, n’a plus à pleurer que ces larmes qui sont éternelles dans le cœur des saints, parce que c’est Dieu qui les cause, et l’extase qui les répand.

Qui cherches-tu ? Il n’y a plus rien à chercher, Marie, tu as trouvé Celui que tu ne perdras plus. Tu ne le verras plus sur la croix entre les mains de la mort ; tu n’iras plus à son tombeau pour l’y embaumer dans les parfums de la charité. Séparés un moment, tu l’as rejoint dans le lieu où il n’y a rien de ce qui empêche l’union et l’unité.

Marie ! Que ton nom est doux dans la bouche d’un ami, et quand c’est Dieu qui le prononce à voix basse ! Quand Dieu, mort pour nous, ressuscité pour nous, nous appelle par notre nom, quel écho ne remue-t-il pas dans les infinies profondeurs de notre misère ! Marie-Madeleine entendit tout dans son nom : elle entendit le mystère de la résurrection qu’elle ne comprenait pas, elle y entendit l’amour de son Sauveur, et, dans cet amour, elle le reconnut : Maître !, répondit-elle. Un mot lui suffit, comme un mot avait suffi au Fils de Dieu. Plus les âmes s’aiment, plus leur langage est court.

Va trouver mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. C’est le dernier mot du Sauveur à Marie-Madeleine, et ce mot lui donne la révélation du mystère qui va clore le passage du Fils de Dieu parmi nous, et l’œuvre de notre rédemption. Apôtre de l’Ascension près des apôtres eux-mêmes ! Marie en conservera le caractère tout le reste de sa vie. Et nous la verrons tendre au Christ disparu dans les nuées, des élévations qui ne nous surprendront point, car nous croyons aux merveilles de la charité qui aspire, comme nous croyons aux merveilles de la charité qui descend.