Sur 1 Thessaloniciens 4, 1-18

L’amour fraternel

Saint Jean Chrysostome

Homélie VI sur la première lettre aux Thessaloniciens, OC 19, p. 235s

 

Sur l’amour fraternel, vous n’avez pas besoin qu’on vous écrive. Voilà qui accuse la plus haute sagesse et renferme un magnifique enseignement. Que dit Paul : ce point est tellement important et nécessaire qu’on n’a pas besoin d’en faire l’objet d’une leçon, un tel silence frappe beaucoup mieux qu’une exhortation ! En supposant que les Thessaloniciens n’ont pas déviés dans leur conduite, Paul les force à entrer en eux-mêmes s’ils ont réellement déviés. Remarquez bien : il ne parle pas de la charité pour tous, il parle seulement de la charité pour les frères. Nous n’avons pas besoin de vous écrire là-dessus. Il ne reste donc qu’à se taire, puisqu’il n’est pas besoin d’en parler. Par cette dernière expression, il n’est pas besoin d’en parler, il dit plus que tout un discours. Vous-mêmes, vous avez appris de Dieu. Quel éloge ! Il proclame ainsi que Dieu s’est fait leur pédagogue ; il n’est donc plus besoin qu’un homme vous instruise, Dieu lui-même l’a fait. C’est ce que le prophète Isaïe avait dit : Et tous seront instruits par Dieu même. Et Paul de poursuivre : Vous avez tous appris de Dieu à vous aimer les uns les autres, car vous pratiquez cette leçon envers tous les frères répandus dans la Macédoine entière, sans en excepter les autres évidemment. Rien de plus propre à les mettre dans la nécessité d’agir de la sorte, s’ils n’avaient pas déjà commencé ! Paul semble dire : que vous soyez instruits par Dieu, ce n’est pas une chose que j’avance sans preuve : je le sais par la conduite que vous tenez. C’est du reste un témoignage qu’il renouvelle assez souvent, ainsi : Nous vous supplions, frères, de montrer encore plus de générosité, de vous appliquer à vivre dans le calme, d’accomplir votre œuvre et de travailler de vos mains, comme nous l’avons ordonné, d’avoir une conduite irréprochable en face des étrangers et de ne rien désirer de ce qui est aux autres.

                   Paul leur enseigne là de combien de maux l’inaction est la source, et quels sont aussi les heureux fruits du travail. Il rend cet enseignement plus manifeste en l’appuyant sur des réalités de la vie, et certes avec raison ; car cela impressionne tout autrement le commun des hommes que des considérations empruntées à l’ordre spirituel. La charité pour nos frères veut que nous leur donnions au lieu de recevoir d’eux. Quelle sagesse dans l’apôtre ! Devant les prier et les exhorter, il met en évidence ce qu’ils font de bien afin de tempérer les représentations et les menaces qu’il leur adressait : Qui méprise ces choses ne méprise pas l’homme, mais Dieu. Ainsi les empêche-t-il par là de revenir en arrière. Il est plus heureux de donner que de recevoir.