Luc 1, 26-38

Marie crut, et ce qu’elle crut advint en elle

Saint Augustin

Sermon 215, 4, OC 18, p.

       Nous croyons en Jésus Christ, Notre Seigneur, lequel est né de la Vierge Marie par l’opération du Saint-Esprit. Cette Vierge bienheureuse a effectivement conçu par la foi Celui qu’avec foi elle a mis au monde. Lorsqu’un fils lui eût été promis, elle demanda comment il naîtrait d’elle qui ne connaissait point de mari, attendu qu’elle ne savait point d’autre manière de concevoir et d’enfanter que le rapprochement des sexes, non qu’elle l’eût expérimenté jamais, mais la nature le lui montrait souvent dans les autres femmes. L’ange alors lui répondit : L’Esprit-Saint descendra en toi, et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi ce qui naîtra saint de toi, sera appelé le Fils de Dieu. Et lorsque l‘ange lui eut ainsi parlé, pleine de foi, elle reçut le Christ dans son âme avant de le recevoir en son sein. Voici, dit-elle, la servante du Seigneur : qu’il me soit fait selon ta parole.

       Que sans le concours de l’homme je conçoive en restant vierge. Que du Saint-Esprit et d’une Vierge naisse Celui en qui l’Eglise renaîtra vierge du Saint-Esprit. Que ce saint, qui naîtra d’une Mère sans avoir de père, se nomme le Fils de Dieu.

       Car c’est Celui qui est né de Dieu son Père sans avoir de mère, et qui a dû se faire fils de l’homme, prendre un corps qui lui permette, à sa naissance, de sortir d’un sein fermé, et plus tard, à sa résurrection, d’entrer dans une demeure fermée également. Ces choses sont merveilleuses parce qu’elles sont divines ; ineffables, parce qu’elles sont incompréhensibles ; et si la bouche humaine ne peut les expliquer, c’est que le cœur de l’homme ne saurait les pénétrer.

       Marie crut donc et ce qu’elle crut s’accomplit en elle. Croyons aussi afin de pouvoir en profiter nous-mêmes. Si merveilleuse que soit à son tour cette seconde naissance, songe, ô homme, à ce que ton Dieu a fait pour toi, à ce que le Créateur a entrepris pour sa créature : c’est Dieu qui tout en demeurant dans le sein de Dieu, c’est l’Eternel qui tout en vivant avec l’Eternel, c’est le Fils qui tout en restant l’égal de son Père n’a pas dédaigné de se revêtir d’une nature d’esclave, en faveur de ses esclaves, coupables et pécheurs. Ah ! Ce n’est point ce que méritaient les hommes. Nos iniquités appelaient plutôt la vengeance sur nos têtes ; mais si Dieu y avait eu égard, qui serait resté debout ? C’est donc pour ses esclaves impies et pécheurs que le Seigneur a daigné naître du Saint-Esprit et de la Vierge Marie.