Néhémie 2, 9-20

La faveur de Néhémie

Père Jean Coste

Bible et Vie Chrétienne, n° 3, Portrait de Néhémie, p. 47s

       Néhémie sut exploiter avec hardiesse la reddition bienveillante du roi : autorisation de voyage, visa de transit, bons de réquisitions, tout est obtenu séance tenante avec le titre de satrape et l’octroi d’une escorte ! Dieu aidant, la première partie de son programme est réalisée. Il reste à mener à bien la seconde dans un pays inconnu et milieu d’ennemis vigilants ; cette passe périlleuse va permettre à l’homme de Dieu de donner toute sa mesure.

       Rien n’est plus vexant pour un spécialiste, ou pour un technicien quel qu’il soit, de voir arriver une de ces personnalités étonnantes, autodidactes sans diplômes, qui, par une exceptionnelle facilité d’adaptation, trouvent partout leur place, vont tranquillement leur chemin, utilisant tout et tous avec un constant à-propos au service de leur projet. Néhémie semble avoir fait partie de ces natures privilégiées : la facilité avec laquelle il joue des cordes les plus diverses est stupéfiante.

       Dès le début de sa mission à Jérusalem s’affirment sa maîtrise et son sens de l’action. Assez prudent pour taire son projet jusqu’au moment de frapper le grand coup, soucieux de voir par lui-même et de descendre dans le détail, il ne fait son programme que lorsqu’il a tous les atouts en mains. La parole publique, voilà bien une technique rarement innée. Néhémie semble pourtant y avoir excellé tout de suite : les trois points de sa harangue, appuyés avec cette logique saisissante des faits qui révèle le tribun populaire, s’enchaînent avec une rigueur implacable.

       La constatation initiale ne peut que réunir tout le monde : l’humiliation de Jérusalem doit cesser. Pour changer cela, l’orateur se présente avec une garantie capitale aux yeux de ses auditeurs : la faveur éclatante de Dieu à son égard. Alors intervient la révélation décisive : l’autorisation royale qui rend possible une restauration et confirme la mission divine de Néhémie. L’effet du discours est immédiat : Bâtissons, crie la foule…