1 Corinthiens 1,18-2,5 ou 4,1-16

Des intermédiaires humains

Père Louis-Marie Dewailly

Jésus-Christ, parole de Dieu, p. 71s

       Au cours de son ministère, Jésus avait choisi et préparé ses apôtres, ses envoyés. Lui, la lumière véritable venue en ce monde, il avait dit à ces pêcheurs, à ces hommes de rien, sans culture ni prestige : Vous êtes la lumière du monde ! Lui qui disait être sorti, avoir été envoyé pour prêcher, il les avait choisis et envoyés à leur tour pour cela. IL leur répétait volontiers que leur autorité était la sienne, dont ils seraient les délégués. Avant de les quitter, il leur avait dit encore, les investissant de toute sa dignité d’envoyé du Père : Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, à mon tour, je vous envoie.

       Eduqués par ses soins et forts de la force du Saint-Esprit, ils furent ses témoins jusqu’au bout de la terre, ils furent les témoins de ce premier Témoin qui désormais parlaient par leur bouche.

       Celle Parole de vie qu’ils avaient entendue, vue, regardée de leur yeux, palpée de leurs mains, ils allaient l’annoncer. Eux avaient reçu la Parole par révélation immédiate, mais les autres, leurs auditeurs, devraient croire en Jésus et l’aimer sans l’avoir vu. C’est par cette communication directe des paroles de Jésus que les apôtres sont très au-dessus de leurs successeurs : c’est toujours, après eux, sur cette première communication reçue et transmise par eux, que se fondera la foi des catéchumènes.

       Il est indéniable que leur priorité ne pouvait passer en d’autres mains. Mais, une fois leur mission remplie, ils n’échappèrent pas à la mort. Ils avaient, après le Maître, semé la semence, et leur semence avait levé et fructifié. L’Eglise était constituée. D’autres prirent rang après eux et jusqu’à nous dans leur succession : ils n’avaient pas eu de contact personnel avec le Verbe, comme les apôtres, ils n’avaient qu’à transmettre ce qu’ils recevaient.

       L’âge de la révélation chrétienne était clos. Le Christ ne cesserait, ainsi qu’il l’avait promis, de se manifester à ceux qu’il aime, et certaines de ces manifestations serviraient encore le bien général de l’Eglise, mais désormais les révélations nouvelles seraient privées, destinées à mettre en meilleure lumière le contenu de la foi, sans l’accroître de rien d’essentiel. L’Eglise se bornerait à garder le dépôt, à transmettre intégrale et à laisser se déployer la divine Parole de Jésus-Christ.