Abdias 1-21

« Si je marche au milieu de la tribulation, Dieu ma donnera la vie »

Saint Augustin

Commentaire sur le psaume 137, OC 15, p. 273

       Le livre d’Abdias se rapproche du psaume 137 : tous deux expriment la douleur de l’âme humiliée, meurtrie, la même haine contre l’ennemi abhorré, le même appel à la vengeance  selon la plus stricte  loi du talion. Ces sentiments s’inscrivent dans la théologie de la justice divine qui, dès ici-bas, doit récompenser les bons et punir les méchants.

       Si je marche au milieu de la tribulation, tu me donneras la vie. Cela est vrai : dans quelque tribulation que nous soyons, confessons et invoquons Dieu ; il délivre et donne la vie. Cependant, nous avons à donner à ce verset de psaume une meilleure interprétation qui nous attachera plus familièrement à Dieu et qui fera que nous lui dirons : Exauce-moi vite. Le prophète a dit : Il voit de loin ce qui est élevé ; mais ce qui est élevé par orgueil ne connaît pas les tribulations. Les superbes, dis-je, ne connaissent pas  cette tribulation dont il est dit ailleurs : J’ai trouvé la tribulation et la douleur, et j’ai invoqué le nom du Seigneur. Car que la tribulation vienne nous trouver, quoi d’étonnant ! Si vous le pouvez, trouvez vous-même la tribulation. Et qui trouve la tribulation, direz-vous, qui est-ce qui la cherche ? Vous vivez au milieu de la tribulation, et vous ne le savez pas ! La vie, est-elle une légère tribulation ? Si elle n’est pas une tribulation, elle n’est pas un exil ; mais si elle est un exil, ou vous aimez peu votre patrie, ou vous êtes dans la tribulation. En effet, qui ne regarde comme une tribulation de n’être pas en possession de ce qu’il désire ? Mais pourquoi cette tribulation n’en est-elle pas une pour vous ? Parce que vous n‘aimez pas votre patrie. Aimez l’autre vie, et vous verrez que cette vie est une tribulation ; de quelque prospérité qu’elle brille, de quelques délices qu’elle abonde et regorge, tant que n’est pas venue la joie inamissible et exempte de toute épreuve que Dieu nous réserve à la fin, cette vie, sans aucun doute, n’est que tribulation. Sachons donc, frères, comprendre la tribulation dont parle ici le prophète. Si je marche dans la tribulation, tu me donneras la vie. Il ne veut pas dire par là que, si quelque tribulation vient, par hasard, fondre sur moi, il me délivrera. Comment donc faut-il entendre ces paroles ? Il ne me donnera pas la vie si je ne marche au milieu de la tribulation. Malheur à ceux qui rient ! Heureux ceux qui pleurent. Si je marche au milieu de la tribulation, Dieu me donnera la vie.