Jean 3, 13-17

Le serpent élevé dans le désert est le Christ suspendu à la croix

Saint Augustin

Trois livres à Marcellin, Livre I, chap 32, OC 30, p. 50s

 

       Ce dessein de grande et infinie miséricorde, Dieu qui s’incarne pour nous sauver, ne pouvait se réaliser que par la rémission des péchés ; le Sauveur le dit : Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l’Homme soit élevé afin que quiconque croit ait en lui la vie éternelle.

       Nous connaissons cette histoire qui eût lieu dans le désert ; plusieurs Israélites mouraient de la morsure des serpents. Alors le peuple, confessant ses péchés, pria le Seigneur par Moïse, de le délivrer de ce fléau. Moïse, sur l’ordre du Seigneur, éleva dans le désert un serpent d’airain ; il dit alors au peuple que, celui qui serait mordu par un serpent, n’aurait qu’à regarder en haut vers le serpent d’airain ; ainsi par ce moyen, ils seraient instentanément guéris.

       Qu’est-ce que ce serpent qu’on élève, si ce n’est la mort de Jésus-Christ, figurée par ce symbole ? Car la mort vient du serpent qui porta l’homme au péché, péché par lequel il mérita la mort. Or le Sauveur prit dans sa chair, non pas le péché qui est comme le venin du serpent, il prit pourtant la mort, afin que la chair qui est la ressemblance du péché fût châtiée sans être coupable, et qu’ainsi la chair coupable fût déchargée de la faute et du châtiment. De même donc que celui qui regardait en haut le serpent d’airain était guéri de sa blessure et délivré de la mort, ainsi le chrétien qui devient conforme à la ressemblance de la mort de Jésus-Christ par la foi et le baptême, est délivré du péché par la justification, et de la mort par la résurrection. C’est ce que le Sauveur dit par ces paroles : Afin que tout homme qui croit en lui, ait en lui la vie éternelle. Où serait la nécessité pour l’enfant de devenir conforme à Jésus-Christ par le baptême, s’il n’a point été infecté de venin par la morsure du serpent ?