Siracide 7, 22-36

L’image de Dieu, c’est le couple

Père A. M. Carré

La famille est à l’image de la Trinité, L’Anneau d’Or, n° 51-52, p. 213s

 

       Le jour où Dieu créa l’homme, Il le fit à la ressemblance de Dieu. Il les créa homme et femme. Il les bénit. Il leur donna le nom d’hommes. Adam vécut cent trente ans et il engendra un  fils à sa ressemblance, et il lui donna le nom de Seth. A sa ressemblance : si le Saint Esprit, à deux versets de distance et dans le même récit emploie une expression identique pour désigner tour à tour la création par Dieu du premier couple humain et la génération de Seth par Adam, il y a là de quoi nous faire réfléchir. Qu’Adam engendra Seth à sa ressemblance, pas de problème. Un homme engendre un homme ; la génération se produit toujours en similitude de nature. Mais si ressemblance a dans le contexte une portée aussi profonde, quand l’Esprit-Saint nous dit que Dieu crée l’homme à Sa ressemblance, c’est affirmer avec saint Pierre que Dieu nous a fait des présents immenses, sans prix, des présents qui nous font participer à la nature divine. J’ai dit : vous êtes des dieux et des fils du Très-Haut.

       Continuons à scruter ce texte : l’homme que Dieu crée à Sa ressemblance se dédouble soudain : Il les créa mâle et femelle, Il les bénit et leur donna le nom d’hommes. Homme ne s’oppose donc pas à femme, mais à toute autre espèce créée. Il fit l’homme à son image, Il les créa mâle et femelle : un lien mystérieux semble suggéré entre le couple et l’image. L’homme à l’image, c’est le couple humain, le couple humain fécond, car le Saint Esprit s’empresse d’ajouter : Dieu les bénit, et leur dit : Soyez féconds et multipliez-vous. Sur le tohu-bohu initial, l’Esprit de Dieu couve et l’œuvre des six jours nous fait assister à la fécondation progressive réalisée par une incubation divine. Trois jours pour mettre en place lumière et ténèbres, ciel et terre, terre et mer. L’effet est immédiat : la terre humide enfante avec exubérance l’herbe portant semence, les arbres pliant sous le fruit.

       Au cinquième jour, foisonnent les êtres vivants : oiseaux du ciel, poissons, montres marins. Tout cela est bon. Dieu bénit : Soyez féconds, multipliez-vous ! A l’aube du sixième jour apparaissent les bêtes de la terre ; toutes sont également très bonnes et fécondes. Une mystérieuse conversation, un accord de voix et de volonté s’élève alors en Dieu, succédant aux impératifs brefs qu’on croyait émanés d’une personne unique : Faisons l’homme à Notre image, selon Notre ressemblance ! Combien sont-ils à se consulter, à s’encourager ? Que de mystères en cette alternance de singuliers et de pluriels. Seule image reste au singulier, image d’une société de personnes qui, d’une seule voix, disent : Notre image, image de ce qu’elles sont ensemble, image reproduite en une société de personnes créées en un couple humain. Et la merveille, c’est de voir ces deux sociétés s’ouvrir l’une à l’autre, engager une conversation, et c’est Dieu qui commence.