Sagesse 13,1-10 + 14,15-21 + 15,1-6

Le désir d’Augustin de changer de vie

Saint Augustin

Les Confessions, Livre VIII, chapitre I, OC 2, p.230s

       Mon Dieu, je n’oublie pas de Te rendre des actions de grâce et je célèbre la grandeur de tes miséricordes pour moi ! Que pénétré de ton amour jusqu’à la moelle de mes os, je m’écrie : Seigneur, qui est semblable à Toi ? Tu as brisé mes liens, je T’offrirai un sacrifice de louanges. Je raconterai comment Tu as brisé mes liens ; à ce récit, tous ceux qui T’adorent diront : Béni soit le Seigneur dans le ciel et sur la terre : son nom est grand et admirable. Tes paroles étaient profondément gravées dans mon âme, et de toutes parts Tu me tenais comme assiégé. J’étais certains de ta vie éternelle, et, bien qu’elle ne m’apparût qu’en énigme et comme dans un miroir, tout doute que ton incorruptible substance ne fût pas source de toutes les autres avait disparu de mon esprit ; ce que je désirais ce n’était pas d’avoir plus de certitude à ton égard, mais d’être plus affermi en Toi.

Quant à la conduite de ma vie, tout y chancelait, et mon cœur avait besoin d’être purifié du vieux levain : la véritable voie, c’est-à-dire le Sauveur lui-même, me plaisait, mais j’appréhendais encore de marcher dans ses étroits sentiers. Ma faiblesse me faisait choisir ce qui la flattait le plus, et par cela seul, je me traînais dans tout le reste sans force et sans courage. Sans doute oui, ils sont foncièrement vains les hommes qui ont ignoré Dieu, et qui, par les biens visibles, n’ont pas été capables de connaître Celui-qui-est et n’ont pas reconnu l’Artisan en considérant les œuvres. Mais je n’étais plus dans ces misérables erreurs, j’avais franchi cet abîme, et, instruit par le témoignage universel de tes créatures, je t’avais trouvé, Toi, notre Créateur, et en Toi ton Verbe qui est Dieu, un seul Dieu avec Toi et avec le Saint-Esprit, et par qui Tu as créé toutes choses.

Il est encore une autre espèce d’impies qui, connaissant Dieu, ne le glorifient point comme Dieu et ne Lui rendent point grâces. J’étais aussi tombé dans ce précipice, mais Ta main vint à mon secours, et m’en ayant retiré, Tu m’as mis en voie de guérison. Car Tu as dit à Job : La véritable Sagesse, c’est la piété. Et encore : Gardez-vous de paraître sage, car ceux qui se disent sages sont devenus insensés. J’avais déjà trouvé la perle précieuse que je devais acheter au prix de tous mes biens, et j’hésitais encore.