Luc 2, 22-40

L’attente du juste

Saint Ambroise

Traité sur l’Evangile de Luc, SC 45bis, p. 98s

       Voici qu’il y avait à Jérusalem un homme du nom de Siméon ; c’était un homme juste, il craignait le Seigneur et attendait la consolation d’Israël.

       Non seulement les anges et les prophètes, les bergers et les parents, mais encore les vieillards et les justes apportent leur témoignage à la naissance du Seigneur. Tout âge, l’un et l’autre sexe, les événements miraculeux en font foi : une Vierge engendre, une stérile enfante, un muet parle, Elisabeth prophétise, les mages adorent, l’enfant renfermé dans le sein tressaille, une veuve rend grâce, un juste est dans l’attente. C’était bien un juste, car il attendait non son profit, mais celui du peuple, désirant pour son compte être délivré des liens de ce corps fragile, mais en attendant de voir le Messie promis, car il savait le bonheur des yeux qui le verraient.

       Voyez ce juste, Siméon, enfermé, pour ainsi dire, dans la prison de ce corps pesant, souhaiter sa délivrance pour commencer d’être avec le Christ : car être délivré et avec le Christ est bien préférable, nous dit la lettre aux Philippiens (1, 23). Mais celui qui veut être libéré doit venir au Temple, venir à Jérusalem, attendre l’Oint du Seigneur, recevoir dans ses mains la parole de Dieu et comme l’étreindre dans les bras de sa foi. Alors il sera libéré et ne verra point la mort, ayant vu la vie.

       Vous voyez quelle abondance de grâces a répandue sur tous la naissance du Seigneur, et comment la prophétie est refusée aux incroyants, mais non pas aux justes. Voici qu’à son tour Siméon prophétise que Notre Seigneur Jésus Christ est venu pour la ruine et la résurrection d’un grand nombre, pour faire entre justes et injustes le discernement des mérites et, selon la valeur de nos actes, nous décerner, en juge véridique et équitable, soit les supplices, soit les récompenses.