Deutéronome 15, 1-18

« Se trouve-t-il chez toi un pauvre ? »

Saint Augustin

Sermon 123, « Tout homme est pauvre et mendiant de Dieu », OC 17

        Et toi, qui es-tu ? Riche ou pauvre ? Beaucoup me disent : je suis pauvre ; et ils disent vrai. Je connais un pauvre qui possède quelque chose ; j’en connais un complètement indigent. Un tel est abondamment pourvu d’or et d’argent. Oh ! S’il sentait combien il est pauvre ! Il le sentira s’il regarde le pauvre près de lui.

        Quelle que soit d’ailleurs ton opulence, toi qui es riche, tu n’es qu’un mendiant à la porte de Dieu.

        Voici l’heure de la prière : c’est là que je t’attends. Tu demandes. N’es-tu pas pauvre puisque tu demandes ? J’ajoute que tu demandes du pain ; tu dis, en effet : Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. Toi qui demandes ton pain quotidien, es-tu riche ou pauvre ? Et pourtant le Christ ne craint pas de te dire : Donne-moi ce que je t’ai donné. De fait qu’as-tu apporté en venant en ce monde ? Tout ce que tu as trouvé dans la création, c’est moi qui l’ai créé ; toi, tu n’as rien apporté, tu n’emporteras rien. Pourquoi ne me donnes-tu pas de ce qui est mien ? Tu es dans l’abondance, et le pauvre dans le besoin.

        Considérez l’un et l’autre votre condition première : vous êtes tous deux également nus. Toi aussi, tu es né nu. Or, tu as trouvé ici-bas de grands biens : aurais-tu par hasard apporté quelque chose avec toi ? Je cherche ce que je t’ai donné : donne et je te rendrai.

        Tu m’as eu pour bienfaiteur, rends-moi ton débiteur. C’est peu ce que je dis là : tu m’as eu pour bienfaiteur, je t’aurai pour créancier. Tu me donnes peu, je te rendrai beaucoup. Tu me donnes les biens de ce monde, je te rendrai les trésors du ciel. Tu me donnes les richesses temporelles, je t’établierai sur des possessions éternelles. Je te rendrai à toi, quand je te donnerai à moi.