1 Jean 2, 18-29

« L’onction : grâce de l’Esprit »

Saint Augustin

Commentaire de la 1ère lettre de saint Jean, SC 75, p. 167s

        La promesse que le Seigneur lui-même nous a faite, c’est la Vie éternelle. Voilà ce que j’avais à vous écrire touchant ceux qui cherchent à vous égarer ; afin que vous sachiez que vous avez reçu l’onction et que l’onction que nous avons reçue de Lui demeure en nous. L’effet sacramentel de l’onction, c’est la vertu invisible elle-même, l’onction invisible, l’Esprit-Saint ; l’onction invisible, c’est cette charité qui, en quiconque qu’elle soit, sera pour lui comme une racine que le soleil, si brûlant soit-il, ne peut dessécher. Tout ce qui est fortement enraciné se nourrit de la chaleur du soleil et ne dessèche pas.

        Et vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne, parce que son onction vous enseigne sur toutes choses. Que faisons-nous donc en vous enseignant ? Si son onction vous enseigne sur toutes choses, nous travaillons comme en pure perte ! Pourquoi tant élever la voix ? Il nous suffit d’abandonner vos cœurs à son onction, et son onction vous instruira. Mais je me pose simplement cette question : possédait-il l’onction ceux à qui tu parlais ? Tu dis : son onction vous enseigne sur toutes choses. Pourquoi dès lors écrire cette lettre ? Pourquoi, toi, les enseigner, les instruire, les édifier ?

        Il y a là un grand mystère à méditer : le son de nos paroles frappe vos oreilles, le Maître est au-dedans. N’allez pas croire qu’on apprenne quelque chose d’un autre homme. Nous pouvons attirer votre attention par le bruit de notre voix : si au-dedans n’est pas celui qui instruit, vain est le bruit de nos paroles ! En voulez-vous une preuve ? N’avez-vous pas tous entendu ce sermon ? Combien sortiront d’ici sans rien avoir appris ? Autant qu’il dépend de moi, j’ai parlé à tous ; mais ceux à qui cette onction ne parle pas au-dedans, ceux que l’Esprit-Saint n’instruit pas au-dedans, s’en vont sans avoir rien appris. Les enseignements extérieurs sont une aide, une invitation à faire attention. C’est au ciel qu’est la chaire de celui qui instruit les cœurs.