2 Chroniques 29,1-2 + 30,1-16

Les trois Pâques de l’EcriturePaul VI

Aelred de Rievaulx

Sermon 12

Le mot Pâque, vous le savez, signifie passage. Or, il me vient à l’esprit que, dans la Sainte Ecriture, nous découvrons trois passages, et, par conséquent, nous rencontrons en quelque sorte trois Pâques. La première Pâque fut célébrée lorsqu’Israël sorti d’Egypte : en traversant la Mer Rouge, les Juifs passèrent de la servitude à la liberté, des marmites de viande à la manne venue du ciel.

Un autre Pâque fut célébrée, quand, non plus le seul peuple juif, mais le genre humain tout entier passa de la mort à la vie, du joug du diable à celui du Christ, de la servitude des ténèbres à la glorieuse liberté des fils de Dieu, de la nourriture impure des vices au pain véritable, ce pain des anges qui dit de lui-même : Je suis le pain vivant descendu du ciel.

Une troisième Pâque, enfin, sera célébrée dans l’allégresse, lorsque nous passerons de la mortalité à l’immortalité, de la corruption à l’incorruptibilité, de la misère à la béatitude, de la peine au repos, de la peur à la confiance.

La première Pâque est celle des Juifs, la seconde celle des chrétiens, la troisième celle des saints et des bienheureux. Dans la Pâque des Juifs, un agneau est immolé ; pour notre Pâque à nous, notre Agneau pascal, le Christ, est immolé ; dans la Pâque des saints et des bienheureux, le Christ sera glorifié.

Et remarquez la graduation de ces trois fêtes, voyez les différences dans la manière dont le Christ opère notre salut, en déployant sa force d’un bout du monde à l’autre, en disposant tout avec harmonie. Pour leur Pâque, les Juifs, en effet, immolaient un agneau, mais cet agneau même, sous la figure et l’ombre, c’est le Christ qui était immolé. Dans notre Pâque à nous, le Christ n’est plus immolé en figure, il l’est en vérité. Dans la Pâque des saints et des bienheureux, le Christ n’est plus immolé, mais il se manifestera. Lors de la première Pâque, la Passion du Christ est préfigurée ; dans la deuxième, elle se réalise ; dans la troisième, le fruit de cette passion éclate dans la force victorieuse de la Résurrection !