Jérémie 24, 1-10

Les deux corbeilles de figuesPaul VI

Saint Jérôme

Commentaire du prophète Jérémie, livre V, chapitre 24

        Pour certains, les deux corbeilles de bonnes et de mauvaises figues représentent la Loi et les Evangiles. Mais nous qui savons par l’apôtre Paul que est bonne et sainte, que le précepte est bon et saint, que le Dieu de l’un et l’autre Testament est le même, nous rapportons de préférence le texte de Jérémie à ceux qui, à la venue du Seigneur Sauveur, embrassèrent la foi et à ceux qui la refusèrent.

        Mais selon le sens historique pur et simple, le panier de bonnes figues, c’est Jékonias qui, sur le conseil de Jérémie et l’ordre de Dieu, s’était livré au roi de Babylone : en retour, Dieu lui fait des promesses de bonheur. Le panier de mauvaises figues, c’est Sédécias, qui fut fait prisonnier pour s’être opposé à la volonté de Dieu : les yeux crevés, emmené à Babylone, et, là, il mourut.

        Quant à ceux des Juifs qui obéirent au commandement divin, Dieu fixa les yeux sur eux pour leur bien : il les fit revenir sur leur terre, il les reconstruisit au lieu de les démolir, il les planta au lieu de les arracher, et il leur donna un cœur pour le connaître et savoir qu’il était lui, le Seigneur : eux, ils deviendraient son peuple, et lui serait leur Dieu. Même pendant leur captivité, Dieu posa ses yeux sur eux : dans le pays de Babylone, il leur permit de cultiver la terre, de construire des maisons, de planter des arbres fruitiers.

        Après soixante-dix ans, sous Zorobabel et le grand-prêtre Josué, au temps d’Esdras et de Néhémie, la plus grande partie des exilés revint à Jérusalem. Leur nombre se trouve consigné dans les volumes de ce même Esdras.

        Notons aussi que la vision des deux corbeilles apparut au prophète Jérémie au temps de Sédécias, alors que Jékonias avait déjà été emmené en exil. Le texte, en effet, ne parle pas de captivité à son sujet, parce que Jékonias s’était livré lui-même.

        Les bonnes figues contenues dans le panier, ces figues vraiment très bonnes sont comparées à des figues précoces, que les Grecs appellent figuesfleurs ; elles représentent Abraham, Isaac, Jacob, mais aussi Moïse, Aaron, Job et tous les autres saints dont parle ainsi l’un des douze prophètes, Osée (7,10) : J’ai trouvé Israël comme des raisins dans le désert ; comme un fruit précoce sur un figuier, j’ai vu vos pères.